L’agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC, a déclaré mardi (13.07.2024) une « urgence de santé publique ».
Pour cause, une nouvelle épidémie de mpox encore appelée variole du singe frappe le continent africain. Cette flambée serait dûe à une souche plus dangereuse et plus contagieuse du virus.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) va se réunir ce mercredi (14.07.2024) pour étudier l’opportunité de déclencher son plus haut niveau d’alerte.
Pareille décision était prise en 2022, lorsqu’une épidémie de mpox s’était étendue à travers le monde. Mais l’épidémie actuelle, pour l’heure circonscrite en Afrique, a ses spécificités, en premier lieu un virus plus contagieux et dangereux.
On l’appelait encore « variole du singe » seulement depuis quelques années, son nom a été changé pour éviter des connotations racistes.
La maladie, qui se caractérise par des pustules et de la fièvre, a été pour la première fois détectée chez l’humain en 1970 en République démocratique du Congo (RDC).
Si les estimations varient entre 1 et 10%, la mortalité est quant à elle difficile à estimer. Elle dépend de l’état des systèmes de santé, ainsi que de la catégorie à laquelle appartient le virus à l’origine de la maladie.
Le virus existe sous la dénomination « Clades » Deux grandes familles: le Clade I, plus meurtrier, est surtout présent en Afrique centrale, dans le bassin du Congo. Le Clade II circule lui plutôt en Afrique de l’Ouest.
L’épidémie de 2022 du Mpox a gagné en visibilité. Celle-ci s’est étendue à travers le monde, en touchant essentiellement des hommes homosexuels et bisexuels.
Cette épidémie avait des spécificités. Elle semble avoir essentiellement transmise par voie sexuelle alors que la maladie se transmettait jusqu’alors surtout depuis un animal, par exemple après avoir mangé de la viande contaminée.
l’OMS estime qu’elle a été peu meurtrière: environ 200 morts pour presque 100.000 cas identifiés.
C’est en partie parce que les patients des pays occidentaux ont bénéficié de systèmes de santé plus performants qu’en Afrique.
Mais c’est aussi parce que le virus à l’origine de l’épidémie appartenait à une variante encore moins dangereuse du Clade II, le Clade IIb.
L’épidémie de 2024, partie de la RDC, est elle provoquée par le Clade I et par une variante encore plus dangereuse, le Clade Ib. Son taux de mortalité est estimé à 3,6%.
On l’a détecté pour la première fois chez des prostituées de la province congolaise du Sud-Kivu en septembre 2023.
L’épidémie circule en partie par les relations sexuelles, ce qui n’est pas une nouveauté par rapport à celle de 2022, mais constitue une première pour ce qui est de la circulation du virus en Afrique.
Le virus en cause se transmet aussi, toutefois, par des contacts non sexuels. Les enfants sont donc aussi menacés, d’autant plus que la maladie apparaît plus dangereuse chez eux. Pour l’heure, l’épidémie s’est largement concentrée en RDC. Toutefois, plusieurs pays à savoir le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda ont enregistré les premiers cas de mpox de leur histoire.
Selon Africa CDC, il est difficile d’évaluer le nombre de morts. Cependant, sur 38465 cas, 1.456 décès ont été recensés en Afrique depuis début 2022. On peut penser que la majorité correspond à l’épidémie récente.
Si des campagnes de vaccination ont été faites dans les pays occidentaux en 2022, en Afrique par contre, les vaccins sont marqués par leur rareté même s’ils existent.
Africa CDC a annoncé mardi le déploiement de quelque 200.000 doses en Afrique, grâce à un accord avec l’Union européenne (UE) et le fabricant Bavarian Nordic.
Mais le directeur général d’Africa CDC Jean Kaseya a reconnu que ce ne serait pas suffisant, d’autant que ce vaccin nécessite deux doses. Il a évoqué un programme bien plus ambitieux qui est en cours d’élaboration et qui devrait permettre de distribuer dix millions de doses.