Le président de la transition gabonaise, Brice Oligui Nguema, est invité aux Etats-Unis pour y rencontrer le président Joe Biden et discuter de la fin de la transition. C’est le secrétaire d’État adjoint Kurt Campbell qui a lancé l’invitation lors de son voyage au Gabon en juillet après sa rencontré Brice Oligui Nguema et d’autres membres du gouvernement de transition, ainsi que des figures de la société civile.
Il s’agira donc pour Libreville de reclarifier la position du gouvernement sur les futures élections, les garanties pour la transparence des scrutins et surtout savoir quand le vote aura lieu, selon les recommandations de la conférence nationale. Sur le plan sécuritaire, les Etats-Unis sont intéressés par la position stratégique du Gabon en Afrique centrale.
Au mois de mai dernier, la marine américaine, l’US Navy, a envoyé à Libreville son seul navire affecté en permanence au Commandement américain pour l’Afrique (Africom) afin de participer à l’exercice militaire réunissant 10 pays d’Afrique centrale et de l’ouest. Mais sans la participation du Gabon.
En clair, le départ inattendu des forces américaines du Niger amène Washington à se repositionner sur le continent. Il s’agit de redéployer, par exemple, tout ce personnel de sécurité dans d’autres pays en Afrique. Et le Gabon est un point d’appui qui permet, dans un premier temps, d’accueillir ces unités qui ne sont pas obligées de repartir un peu plus loin à Djibouti où les Etats-Unis ont déjà une base. Et à partir du Gabon, il y a un certain nombre d’opérations qui peuvent se déployer pour les Etats-Unis.
Les Etats-Unis sont aussi intéressés par certaines richesses naturelles du Gabon. Actuellement, Libreville exporte principalement du pétrole et du manganèse, un minerai utilisé dans la production d’acier et de batteries. Mais avec la forte demande mondiale, notamment celle de la Chine, Washington pourrait vouloir miser davantage sur l’exploitation minière.
La stratégie des Etats-Unis consiste à se redéployer partout où non seulement ils peuvent contrer la Chine, mais aussi partout où ils peuvent reprendre du terrain pour assurer le fait de rester la première économie du monde.
A Washington, Brice Oligui Nguema, tentera de faire lever la sanction qui a privé le Gabon de son accès au marché américain, dans le cadre de la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa). Sous la présidence d’Ali Bongo Ondiba, le Gabon s’était tourné davantage vers la Chine ou la Turquie que vers les Etats-Unis.
Mais contrairement à d’autres pays africains qui ont vécu des coups d’État et se sont tournés vers la Russie avant de chasser les forces occidentales, le Gabon se distingue par ses efforts pour rétablir les liens avec les puissances occidentales comme les États-Unis et la France, deux pays désireux de compenser leur perte d’influence en Afrique de l’Ouest.