Une année après leurs Incarcérations soit au lendemain du coup d’État du (26- 07-2023), les anciens ministres et proches du président déchu Mohamed Bazoum viennent de bénéficier d’une liberté provisoire.
Il s’agit des anciens ministres de l’Intérieur Hama Adamou Souley, des finances Ahmat Djidoud, du Plan Rabiou Abdou et de l’Énergie Yacouba Ibrahim.
Ces derniers ont été poursuivis pour « atteinte à la sécurité nationale » et « crime de trahison
Une première dans ce pays, selon l’ancien conseiller spécial de Bazoum « normalement la libération devrait être automatique », se désole-t-il
De l’avis de Sahanine Mahamadou, conseiller spécial en charge des ONG du président Bazoum par ailleurs responsable Cellule des affaires coutumières, religieuses, sociales et humanitaires, ceci est une catastrophe. Les institutions de la République ont été complètement banalisées.
« Le Président de la République séquestré, le pays tout entier est pris en otage. Ils avaient dit qu’ils étaient venus pour libérer la population et rétablir la sécurité et assainir les finances publiques.
Aujourd’hui, la situation sécuritaire est complètement délétère et chaotique. Pendant les deux ans et trois mois de règne du président Bazoum, nous avons perdu 59 soldats et nous avons eu 16 attaques et aujourd’hui, avec l’avènement des militaires, nous avons vécu 49 attaques pour leur première année et plus de 937 morts sans compter les derniers bilans des derniers attaques des terroristes », explique-t-il
Et d’ajouter que sur les dernières finances publiques de la dernière ordonnance que Tiani avait pris pour justifier les achats des armements au niveau du ministère de la Défense et au Palais de la présidence ont soustrait ses dépenses à la comptabilité de l’Etat pour s’enrichir.
La fin d’un régime « totalitaire, dictatorial » ?
Globalement, il faut dire que le pays est complètement atteint. Ce coup d’état était l’œuvre de Tiani et Issoufou. Ils ont mis le pays dans le chaos, les autres ne sont que des opportunistes, ils ont juste été associés. Le pays a été balkanisé et détruit par ces deux hommes. Tant que le président Bazoum n’est pas libre, nous considérons que tout ce qu’ils entreprendront est sans effet sur notre pays. S’ils veulent réellement décrisper l’atmosphère politique et lui donner un nouveau souffle pour que les Nigériens se mettent ensemble et regarder comment arranger cette forfaiture, cela doit passer par la libération du président de la république Mohamed Bazoum et de tous les acteurs politiques injustement mis en prison.
Dans ce cas, on pourrait parler de discussion, de négociation et voir comment faire pour sortir le pays dans ce pétrin qu’ils l’ont mis.
S’agissant de ce qui leur a été reproché, le membre du bureau politique national du PNDS (parti nigérien pour la démocratie et le socialisme), le juge ridicule.
A l’en croire, ils ont fait un simulacre de levée de son immunité avec une institution illégale, eux même illégaux. Les autres prisonniers ministres et cadres aussi poursuivis d’atteinte à la sûreté de l’Etat. C’est ridicule parce qu’ils n’ont rien fait. Ils ont été séquestrés de façon injuste. Ce coup d’état n’était pas justifié également.
Il a été renversé par celui qui était censé le protéger lui et les institutions de la République, le commandant de sa garde présidentielle. Donc c’était un complot ourdi par Tiani et Issoufou. Nous n’allons jamais cesser de le répéter. C’était un coup d’état à l’interne et l’opinion nationale l’a bien compris.
Situation socio-économique chaotique
« Tout cela tourne autour du pétrole brut nigérien. L’économie du Niger devrait passer à deux chiffres selon le FMI et la Banque mondiale (12%) et aujourd’hui c’est réduit à 4% et ce qui est sûr c’est que l’on tend à vivre des situations catastrophiques », explique M Mahamadou soulignant que le pays est complètement à genoux.
« Au temps du président Bazoum on avait commencé à réinstaller la population et à les sécuriser notamment dans la région de Tillabéry. Aujourd’hui, à 20- 30 km de Niamey, tu n’es pas sécurisé, l’ombre de Boko haram y plane toujours.
Ces militaires font honte à notre pays et à l’Afrique de manière générale. Ils n’ont rien fait que de nous balkaniser, de nous maintenir dans la terreur et la pauvreté. Il n’y a pas de développement avec le régime militaire. Ils n’ont qu’à déposer leurs kakis s’ils veulent apporter leur contribution et se lancer dans la politique. Le rôle d’une armée républicaine est de préserver l’intégrité de notre pays, et non laisser les théâtres d’opérations pour venir occuper les bureaux de civils. C’est une honte de se retourner dans ce genre d’histoire au 21e siècle », regrette-t-il
Plusieurs autres cadres de l’ancien régime sont toujours en détention. Il s’agit, entre autres, de Foumakoye Gado, haut représentant du président Mohamed Bazoum, Sani Issoufou Mahamadou, ancien ministre du pétrole et fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou et Kalla Moutari, un des ténors de l’ancien parti au pouvoir.