Le débat sur la déclaration de politique générale ( DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko est largement suivi à travers les médias classiques et sur les réseaux sociaux. Depuis quelques semaines, l’article 55 de la Constitution du Sénégal, dans le chapitre du gouvernement, est une patate chaude dans la marmite du parti au pouvoir.
Il stipule ceci : « Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance. »
Toutefois, les choses ne sont pas si simples au regard des querelles politiciennes entre les tenants actuels du pouvoir et la nouvelle opposition. Le Premier ministre avait même menacé de tenir sa DPG en dehors du parlement.
En effet, la polémique sur la DPG du Premier ministre, qui est sur les feux de la rampe, est née de la falsification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Pourtant, Doudou Wade, le député Mamadou Lamine Diallo, et d’autres avaient alerté en octobre 2022. Hélas, ils n’ont pas été entendus en leur temps.
Cela a causé le blocage des travaux de l’Assemblée nationale, samedi 29 juin, lors des débats d’orientation budgétaire (DOB).
Les députés de Benno Bokk Yaakaar et ceux de Yewwi Askan Wi sont responsables de cette situation.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, face à la presse nationale, le 13 juillet dernier, à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir, a annoncé avoir demandé à son Premier ministre de surseoir à sa DPG devant un jury populaire, non sans informer qu’il avait saisi le président de l’Assemblée nationale pour qu’il convoque une réunion avec les présidents de groupe afin de mettre à jour le règlement intérieur de l’Assemblée.
Aucune solution n’a été trouvée, a répliqué le lendemain Abdou Mbow, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar.
Seulement, le Premier ministre Ousmane Sonko doit rompre avec le dilatoire et la politique politicienne et se rendre compte de l’évidence qu’il n’est plus un opposant. Désormais, il a un rôle crucial dans la consolidation des institutions.
Quelle valeur donner à une « DPG devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques » ?
Comme le Premier ministre et leader de Pastef s’était engagé à le faire le 15 juillet dernier, si le règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’est pas modifié avant que le chef de l’État ne demande de surseoir à cette activité.
Le Premier ministre a visiblement une peur bleue d’affronter les députés de la majorité, même si Benno a une majorité d’une courte tête.
Le Premier ministre et son gouvernement risquent-ils de subir les affres d’une motion de censure ? Le temps nous édifiera !
La question est d’autant plus légitime que la cohabitation entre l’ancien député Ousmane Sonko et les parlementaires de Benno Bokk Yaakaar à l’hémicycle n’a jamais été un long fleuve tranquille.
Aux dernières nouvelles, les travaux des présidents des trois (3) groupes parlementaires et des représentants des non-inscrits, en vue de mettre à jour le règlement intérieur, seront remis ce mercredi 24 juillet au président de l’Assemblée nationale.
Diaraf DIOUF