Le président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a procédé ce jeudi (18.07.24), à la nomination de 81 personnes à des postes de directeurs et présidents de Conseils d’administration. Mais certains choix du chef de l’Etat sont vertement décriés par l’opposition et des acteurs de la société civile qui y voient du népotisme.
La nomination de Sophie Nzinga Sy, bombardée directrice de l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat (Apda) est sans aucun doute la plus critiquée par les adversaires du régime.
Un choix très controversé en ce sens que Mme Sy est la fille de la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, Yassine Fall. Son père Jacques Habib Sy est également proche du leader de Pastef, au pouvoir.
Autre nomination fortement critiquée concerne celle d‘Aïssatou Diallo qui assume désormais le poste de coordonnatrice des Agropoles, en remplacement d‘El Hadji Djily Mbaye Lô.
Cette nomination est très contestée en ce sens que le directeur général des Agropoles doit être désigné suite à un appel à candidatures et son contrat ne devrait pas prendre fin avant décembre 2028. Sauf que celui-ci a démis le 5 juin à l’issue du Conseil des ministres.
Selon El Hadji Djily Mbaye Lô, le ministre Serigne Guèye Diop lui a proposé un poste de conseiller technique qu’il a décliné. Celui-ci a donc refusé de céder son fauteuil et la passation de service ne s’est jusqu’ici pas tenue.
Toujours au ministère de l’industrie et du commerce, le ministre Serigne Guèye Diop est accusé de privilégier les membres de sa famille pour occuper des postes de responsabilité.
Ainsi pour diriger son cabinet, le patron du département a fait appel à Seynabou Kébé Ndiaye, ex-directrice du centre de recherche et développement de Nestlé en Côte d’Ivoire.
Il se trouve que Seynabou Kébé Ndiaye est la fille aînée de l’épouse dudit ministre.
Elle se retrouve avec Yacine Diakhaté, une ancienne employée de Nestlé, nommée conseillère technique au sein du même ministère.
Pire, Daba Diop, la fille du ministre, elle est désormais chargée des relations publiques.
Ces choix népotistes rappellent les vieux souvenirs qu‘a connu le Sénégal sous Abdoulaye Wade lorsque son fils Karim Wade était le tout puissant ministre d’Etat de la coopération internationale de l’Aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures de 2009 à 2012. La suite, on la connait avec le feuilleton judicaire et les années de prison infligées à Wade fils.
Il y a également Mansour Faye qui avait occupé le très stratégique ministère des transports et des infrastructures sous la présidence de son beau-frère de président Macky Sall.
Quant à Aliou Sall, jeune frère de l’ancien chef de l’Etat, il a dû démissionner en juin 2019 de son poste de directeur de la Caisse des dépôts et Consignations pour mettre fin à la polémique autour du « scandale » Petrotim.
Avec cette vague de nominations, l’appel à candidatures promis par les nouveaux tenants du pouvoir pendant la conquête du pouvoir semble être de vieux souvenirs.
Pour Imam Kanté, religieux et observateur de la scène politique „avec toutes ces nominations, il est difficile de voir une dynamique de rationalisation et de réduction du « train de vie » de l’Etat. “
Bref, de nombreux Sénégalais qui avaient cru au changement risquent de déchanter à mesure que les cas de népotisme apparaissent au grand jour dans la gestion et la préservation des biens de tous.
Diaraf DIOUF