À la veille de la 64e anniversaire d’indépendance de la RDC, le Docteur François Bulayumi, auteur du livre « COLLAGE CARICATURAL SUR LA TSHIBILIE – LA RENAISSANCE DE L’ANARCHIE DITE CONGOLISATION », revient sur la situation humanitaire, sociale et politique du pays marqué depuis un moment par des tensions entre armées et mouvements rebelles du M23.
Lesnouvellesdafrique.info: Bonjour M François Bulayumi. Pourquoi congolisation ?
François Bulayumi: Moi, je vais commémorer cette journée en deuil. Puisque je suis en deuil pour les Congolaises et Congolais qui meurent injustement chaque jour. Et je le ferai par écrit. Je reviens à votre question : Pourquoi Congolisation ? Eh, bien Madame ! Je crois que vous avez déjà une réponse devant vous ! Je dirais la première réponse à votre question, c’est donc le sous-titre même de ce livre : « La Renaissance de l’anarchie dite CONGOLISATION » : La seconde réponse, je tiens à vous la donner à travers le mot de l’Ex-Président du Congo-Zaïre Mobutu Sese Seko, car en réalité, il y a rien de nouveau sous le soleil RD congolais.
La RDC est redevenu presque qu’un pays de Cocagne pour des politiciens pilleurs des deniers publics. Ces politiciens de Cocagne privilégient l’importation de 90% des denrées alimentaires par des bandes mafieuses de tous les coins du monde dans un pays où 80% de sa terre est arable. A cela s’ajoute le boum des importations des faux médicaments (Contrefaction et périmés). Et une grande partie de ces denrées alimentaires importées ne sont vraiment pas comestibles, cependant, elles sont toutefois consommées puisque la population n’a pas d’autre choix. La RDC est actuellement un pays régi par un désordre total inédit au détriment de sa population préalablement meurtrie. Oui, un pays où la guerre pérennisée de minerais continue depuis deux décennies à produire, je dis bien à produire, des milliers des milliers des victimes.
L’anarchie se taillait une place au Congo, tel était le cas au lendemain de son indépendance nominale, c’est-à-dire de sa soi-disant indépendance. On y voit surgir le groupe de mercenaires européens. Et à la surprise de tous, on aperçoit même les membres de ces groupes aux côtés de Monsieur Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. C’est plus pur comme aux années lorsque des mercenaires étaient aussi légion au Congo. On se souvient, c’était le temps de Jean Schramm, Bob Denard, Roger Folk.
Pour préciser la réponse à votre question sur le mot clé du titre de mon livre, Je dis très haut que la RDC est en train de vivre actuellement la Renaissance dite Congolisation engendrée par le deal orchestré en visibilité entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Je cite ce que Mobutu Sese Seko a dit du haut de la Tribune des Nations Unies le 04 octobre 1973 pour mieux expliciter ce que je sous-entends personnellement par Congolisation : « Certains d’entre vous consultent peut-être le dictionnaire pour connaître la définition du mot anarchie, alors qu’au Zaïre nous l’avons tellement vécue que nombre de personnes croyaient que le mot anarchie était une invention zaïroise. C’est pourquoi tout désordre, dans n’importe quelle partie du monde était baptisé du nom de CONGOLISATION ».
Le monde n’assiste-t-il pas à la montée de la Congolisation en RDC, la Congolisation dont Mobutu faisait allusion à son époque ? La RDC, n’est-elle pas redevenue la Risée du monde, depuis la nomination de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi à la tête de la RDC ?
Lesnouvellesdafrique.info: Qu’ est ce qui vous a poussé a écrire ce livre caricatural ?
François Bulayumi: Merci pour cette question de motivation. C’est une question qui est presque, sommairement, déjà répondue à travers la première question sur la CONGOLISATION : Eh bien, c’est la démonstration sur la recrudescence de la Congolisation qui m’a motivé à écrire cet ouvrage, et surtout le Tohu-bohu qui étouffe la RDC depuis l’événement de la plateforme Politique « LAMUKA » gérée par la Fondation Koffi Annan à Genève, en novembre 2018. J’ai du même caricaturé avec des images collées, bien sûr, cette rencontre de Genève en Suisse que j’appellerais Conférence de Genève à l’aide de l’image très connue de la Conférence de Berlin de 1885. Mais enfin, c’est aussi la TSHIBILIE qui m’a poussé à écrire ce livre .
Je sais que vous aimeriez savoir ce que signifie le terme TSHIBILIE. Je vais y revenir. Les incidents post-électoraux de décembre 2018 et les informations fiables sur le déroulement de ces élections que j’ai reçues le lundi 03 janvier 2019 ont renforcé ma volonté d’écrire ce livre, qui pourrait être considéré comme l’une des nombreuses petites pierres qui s’inscrivent dans la construction d’un grand mur capable d’empêcher la dislocation de la RDC. Mais une question ne cessait de m’accompagner : « Quel type de livre dois-je présenter au public pour ne pas tomber dans un académisme austère devant la population perpétuellement bafouée ? »
Permettez moi une digression pour illustrer mon propos sur l’académisme très austère qui ronge le pays ; puisqu’il fait la promotion du banditisme politique.
Monsieur Vital Kamerhe, actuellement président de la chambre basse de l’Assemblée nationale, pilleur maraudeur avéré – Je pèse mes mots, a tenu, il y a de cela quelques jours, un discours à l’Université de Kinshasa sur les problèmes structurels de la RDC qui entraveraient la bonne gouvernance du pays. Pourriez vous imaginer, qu’un tel homme, qui n’ose pas reconnaître qu’il est lui-même l’une de ces barrières contre la bonne gouvernance, puisse être président de l’Assemblée nationale, même si ce Parlement est composé, dans la plupart des cas, de personnes immorales ?
Et de surcroit Vital Kamerhe a fait allusion à des choses qui ne maitrise pas par exemple en comparant des incomparables. Il a comparé le développement économique de la Corée du Sud à la descente aux enfers de l’économie congolaise à l’époque où le PIB de la République démocratique du Congo était supérieur à celui de la Corée du Sud. Ce fut toute de suite là après la proclamation de l’« indépendance ».
Les problèmes du Congo sont multidimensionnels. C’est pour cela il ne faut jamais minimiser l’impact de l’aliénation mentale et celui de l’académise austère au profit du banditisme politique. Je sais ce que j’ai dit puisque j’ai accompagné des étudiants d’Asie, de l’Amérique latine, de l’Océanie et de l’Afrique ici à Vienne, au sein de l’institut Afro-Asiatique de Vienne, parmi ces étudiants, il y avait aussi des étudiants sud-coréens jusqu’à l’année 1992.
Je ne voulais pas écrire un livre traditionnel très académique et très opaque. L’élite universitaire congolaise est bel et bien avertie. Elle connaît tout ce qui se passe en RDC : Mais qu’est-ce qui nous manque pour travailler consciemment pour notre pays ? « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ».
Voilà pourquoi, j’ai utilisé l’art sarcastique du collage caricatural pour mettre exergue le banditisme politique qui gère en procuration la République Démocratique du Congo. Par exemple, si Monsieur Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi proclame si haut que jusqu’à la fin de son mandat (1ème Mandat), il fera du Congo l’Allemagne d’Afrique. J’utilise des photos qui montre que son cortège ne peut avancer puisqu’il n’y a pas de route avec de Restoroute en RDC comme en Allemagne : « une image vaut mille mots ».
Lesnouvellesdafrique.info: Dans quel objectif s’inscrit le livre ?
François Bulayumi: Un peuple se libère. On ne libère pas un peuple. Et un peuple, qui ne se bat pas, ne se libère pas. Cet ouvrage s‘inscrit dans l‘objectif d’une animation sociopolitique qui privilégie la stratégie de la libération par la voie des Révoltes logiques des populations, disons le soulèvement populaire dans toutes ses diverses astuces. Donc, je suis concerné pour participer à cette lutte noble de la libération, car « Une injustice qu’on voit et qu’on tait, on la commet soi-même », comme on dit.
Lesnouvellesdafrique.info: le livre comprend combien de pages ou parties
François Bulayumi: Le livre à 13 chapitres et 216 pages. Il est cartonné avec des images en couleur. Il est édité par l’édition « aa-infohaus » à Vienne/ Autriche
Lesnouvellesdafrique.info: Sur la couverture du livre on peut voir les présidents rwandais et congolais avec des flammes et des tenues de pompiers, qu’est ce qui explique ce choix, a quoi faites vous allusion ?
François Bulayumi: Il faut ajouter aussi Joseph Kabila, le prédécesseur de l’actuel Président de la RDC, Yoweri Museveni, le Président de l’Ouganda, Cyril Ramaphosa, le Président Sud-Africain, Uhuru Kenyata, l’ex-président Kényan et le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ensemble avec des bidons pleins d’essence sur la RDC. Ce sont des pompiers pyromanes. Ce sont eux qui ont favorisé le deal entre Tshilombo-Tshisekedi et Joseph Kabila. Ce sont eux qui sont créateur de Monstre. C’est ce que j’ai dit plus haut. J’ai parlé du deal visible entre deux protagonistes. Joseph Kabila et Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi.
Mais les autres qui sont visibles sur la couverture sont des facilitateurs de ce deal. Tous sont ensemble jusqu’aujourd’hui. Ce sont eux qui ont créé la TSHIBILIE, un acronyme formé sur base de tshi (de Tshilombo / Tshisekedi) et de Bilie (bila) provenant de Kabila. La TSHIBILIE est une kleptocratie avérée. Elle est à la base de la Renaissance de l’Anarchie dite CONGOLISATION, un véhicule, capable de conduire la RDC à l’effondrement.
Lesnouvellesdafrique.info: Il y a t il une indépendance politique en RDC?
François Bulayumi: Je pense que nous n’aurions pas assez de temps pour parler du principe d’indépendance politique. Soyons brefs ! Peut-on qualifier un pays politiquement indépendant alors que son économie et ses finances sont aux mains de l’étranger ? Les finances d’un pays, c’est sa politique en chiffres. Peut-on qualifier un pays politiquement indépendant si la gestion de la cartographie de son sous-sol (minéraux) doit être gérée par une puissance étrangère ?
Que dirons nous des territoires occupés à l’est du pays. La RDC est gérée par procuration, mais très mal. Les Congolais doivent se libérer. Ils doivent se tenir debout, comme ils le chantent dans leur hymne national : « DEBOUT CONGOLAIS ». Et nous ne devons pas oublier que la stabilité de notre pays est très indispensable sur le continent africain. Je profite enfin de l’occasion pour souhaiter bonne commémoration de la journée du 30 aux Congolaises et Congolais !
Ndeye Mour Sembene