Dans 24 heures plus exactement demain samedi (29 06 2024), la Mauritanie va élire son prochain président. Mohammed Ould Cheikh El Gazouani, chef de l’Etat sortant et candidat à sa propre succession doit faire face à six autres candidats, tous déterminés à occuper le fauteuil présidentiel pour une nouvelle alternance. Hier jeudi (27 06 2024) a marqué la clôture de la campagne, où il était question des derniers réglages et à la mobilisation avant la confrontation.
Pour ce militant à la cause du candidat indépendant Outouma Soumare, il n’y aura pas de second tour. Mody Fall est sûr que le neurochirurgien va passer au premier tour au soir du 29 juin.
En effet, dans son programme, Outouma prône un rétablissement de la confiance perdue entre les communautés, l’État, le peuple et les citoyens. En plus de la rédaction d’une nouvelle Constitution, un contrat social gage d’une égalité entre citoyens, Soumaré propose l’organisation d’assises nationales pour la refondation de la nation.
Ce que ce militant pour une Mauritanie unie pense être possible et loin de lui l’idée que les dés soient jetés dès le 1er tour.
Mody Fall pense forcement à la possibilité d’un second tour. Mieux son candidat fera face soit à Ghazouani ou Biram Dah Abeid, le militant des droits humains, arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle, même s’il doute un peu des failles du fichier électoral qui pourrait faciliter des tentatives de fraude.
Du côté de la majorité par contre, la confiance est de mise. En tout cas pour le chargé de communication du député de Rosso du parti de Gazouani, Mohameden Fall, une réélection du président sortant est sûr. » Nous allons remporter l’élection présidentielle au soir du 29 juin », avance-t-il.
Mohameden Fall estime que pour son premier quinquennat Mouhamed Ould El Ghazouani a réalisé beaucoup de choses même si tout n’a pas été fait. Des interventions sociales, l’accès à l’assurance maladie pour tous, le renforcement de l’unité nationale et l’instauration de la justice et de l’équité, bien des points qui selon lui peuvent faire espérer à une réélection de son candidat.
Une confiance mise à rude épreuve par ce parlementaire du côté de l’opposition qui estime que les enjeux de ce scrutin sont immenses. D’après Khalli Diallo, il est impératif que Ghazouani quitte le pouvoir après 05 années durant lesquelles le pays a été complément abîmé par les injustices comme l’inaccessibilité à l’état civil, le chômage qui est en très forte hausse.
Sans oublier une diplomatie mourante qui fait que le peuple doit voter massivement contre le pouvoir pour vivre enfin un nouveau départ sans les militaires en cravates selon lui.
Le journaliste Boubakrine Sidi voit en cette élection d’un grand enjeu car les Mauritaniens y accordent une grande importance avec une part de sa population composée à 65% de jeunes.
Des jeunes qui aspirent à un changement, à des conditions de vie meilleure car étant à la recherche d’emploi, d’opportunités de travail. D’autant plus qu’elle fait face à une pauvreté et une cherté de la vie notamment sur le prix de certains produits comme le carburant ou l’électricité entre autres.
Atouts du chef de l’Etat sortant
Mohammed Ould El Ghazouani ne l’ignore pas, cette perspective de mettre la jeunesse en avant s’il est réélu. Il compte bien miser sur la formation, l’emploi, l’éducation mais aussi le financement des petites et moyennes entreprises, des secteurs clés pour la jeunesse.
Par ailleurs, le président sortant bénéficie de deux atouts majeurs que sont : le pays qui s’apprête à devenir futur producteur de gaz et de pétrole mais aussi qui depuis 13 ans, constitue l’un des rares pôles de stabilité en Afrique de l’Ouest dans une zone du Sahel ou l’insécurité est menaçante. Des régimes putschistes ayant intervenus ces dernières années dans des pays limitrophes à la Mauritanie.
Mais selon Mody Fall, la sécurité interne même du pays est menacée. Et un pays qui perd sa sécurité interne perd celle de l’extérieur. Le président est garant de cette sécurité et il est de son ressort de mettre en place des politiques de développement fiables afin que le pays en bénéficie.
Ghazouani a selon Boubakrine Sidi contribué à l’apaisement de la situation politique dans le pays ayant conduit à une cohabitation entre l’opposition et le pouvoir. Ce qui avait facilité les élections législatives, municipales et régionales. Mais également la question sécuritaire a joué en sa faveur puisqu’il n’y a pas eu d’attaque djihadiste depuis 2019. Le chef de l’état ayant renforcé la sécurité au niveau des frontières.
Quelles possibilités de ralliement pour un second tour?
Le parti du médecin Outouma, un des nouveaux visages de l’opposition pense insensé de rallier Ghazouani quelles que soient les conditions car la population n’a pas besoin du président sortant à la tête du pays. Du moins Ghazouani n’a aucune ambition de garantir l’avenir de la Mauritanie assure Mody. » Nous allons soutenir le candidat de l’opposition sans aucun doute », tranche-t-il.
Le journaliste Sidy, quant lui, voit une force dans un ralliement, en cas de second tour, de trois poids lourds à savoir le parti de Biram Da Abeid, celui de El Mohamed Mbareck qui dit représenter la communauté harratine (les anciens esclaves de Mauritanie) ou encore du parti d’obédience islamiste Tawassoul qui peuvent aller ensemble même si la possibilité d’un second tour reste encore à voir.
Quoi qu’il en soit chaque candidat se déclare déjà vainqueur devant ses militants, sympathisants pour leurs meetings de clôture.
Toutefois cela va se refléter sur le résultat des urnes.
Ça promet dans tous les cas, ce vote de samedi prochain face à une majorité présidentielle représentée par à peu près une vingtaine de partis, un candidat arrivé deuxième comme Biram Dah Abeid qui a obtenu 22% des suffrages des mauritaniens à la dernière élection, ou encore le parti de Tawassoul ou celui de Outouma Soumaré qui promeut une refondation de la nation.
Un appel à la jeunesse pour le militant du parti de Soumaré qui prône pour qu’une réelle démocratie soit instaurée dans le pays. Un scrutin avec beaucoup d’enjeux politiques pour un pays bien empêtré dans l’insécurité qui sévit au Sahel.