L’UNESCO s’est penchée pour la première fois sur les pertes dues au déficit de compétences dans le monde.
Dans un rapport publié le lundi 17 juin, l’UNESCO, en collaboration avec l’OCDE et le Secrétariat du Commonwealth estime que 250 millions d’enfants, soit 128 millions de garçons et 122 millions de filles, ne sont pas scolarisés. Dans le même temps, de nombreux enfants dans les écoles ne possèdent pas les compétences de base telles que la lecture, ainsi que les compétences socio émotionnelles, pour réussir dans la vie.
Le rapport intitulé « le coût de l’inaction » révèle que d’ici 2030 les économies mondiales perdront environ 10 000 milliards USD par an, soit plus que le PIB combiné de la France et du Japon, en raison du décrochage scolaire et du manque de compétences de base.
Dans la foulée, le rapport a évalué les pertes privées, fiscales et sociales. En ce qui concerne les pertes privées annuelles (coûts économiques supportés par les individus), elles représentent 6 300 milliards $ et 9 200 milliards $ pour le décrochage scolaire et le manque de compétences de base, respectivement. Ce qui représente, dans le même ordre, 11 et 17 pour cent du PIB mondial. L’estimation de ces coûts privés à un horizon de vingt ans (jusqu’en 2041) multiplie ces valeurs par 20.
Pour les pertes fiscales annuelles, à savoir celles liées aux gouvernements, d’ici 2030 elles s’élèveront à 1 100 milliards pour le décrochage scolaire et 3 300 milliards pour le déficit de compétences de base. Dans le même temps, les coûts sociaux annuels (coûts privés et fiscaux, moins le coût de l’augmentation des impôts) des jeunes en décrochage scolaire s’élèveront à 6 000 milliards et à 10 000 milliards pour les enfants qui n’ont pas les compétences de base.
Au-delà des pertes financières, le rapport alerte sur d’autres conséquences liées à la déscolarisation. Il s’agit entre autres de l’augmentation de 69 % des grossesses précoces, de 57 % de la criminalité et de 38 % des jeunes qui ne sont ni scolarisés, ni en emploi et ni en formation.
L’Afrique subsaharienne est la partie du monde la plus touchée. « L’Afrique subsaharienne, qui est la région la plus impactée du monde, et le Maghreb se privent respectivement de 42 % et 38 % de revenus fiscaux, ce qui diminue presque de moitié les richesses de ce continent », a déclaré Matthias Eck, coauteur du rapport. Cependant, la région est également la plus à même de tirer des avantages économiques des progrès de l’éducation de qualité. Une réduction de 10 % de la proportion de jeunes quittant prématurément l’école et d’enfants n’ayant pas les compétences de base augmente le PIB annuel de 1 à 2 points.
Pour inverser les tendances, le rapport invite les gouvernements et les organisations à investir dans le secteur de l’éducation. « Investir dans une éducation de qualité est une stratégie rentable pour le développement économique », a-t-il noté. La scolarisation de tous les enfants permettrait d’augmenter le PIB mondial futur de plus de 6 500 milliards par an, tout en éliminant les obstacles liés à la non-réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 4.
A.K.COULIBALY