Au Sénégal, les saisies de drogues s’enchaînent. Les douaniers ne chôment pas et semblent être au taquet. Il ne se passe plus une semaine sans qu’une saisie de drogue ou de cocaïne n’ait lieu.
La dernière en date, celle du lundi (03-06-2024) d’une cargaison de 33kg de cocaïne d’une valeur de 2,7 milliards de francs CFA (4,1millions d’euros) dissimulée dans des cachettes aménagées d’un véhicule de type Mercedes immatriculée à l’étranger selon le communiqué des douanes. Ou encore les 1137, 6 kg de cocaïnes conditionnés en 948 plaquettes mis dans des sacs soigneusement dissimulés dans le double fond d’un camion frigorifique venant d’un pays limitrophe du Sénégal. La contre valeur totale était estimée à 91 milliards de FCFA. Des chiffres très alarmants.
La dernière opération a eu lieu samedi dernier à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) où la brigade spéciale des douanes a réalisé une « saisie inédite » portant sur 20 kilogrammes de cocaïne, soit une contrevaleur de 1,6 milliard de francs CFA.
L’énormité ou même la facilité des caïds à transporter leurs cargaisons montrent à suffisance la volonté des criminels de faire du Sénégal une plaque tournante.
Selon l’ancien Commissaire Cheikhna Cheikh Sadibou Keïta, ancien directeur de l’Ocrtis (office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants), le Sénégal a un marché intérieur qui se développe de plus en plus.
« Nous avons de la drogue qui passe par la mer, par voie terrestre et même un corridor de l’intérieur très alarmante », explique t-il.
La multiplication des saisies de drogue s’explique selon l’ancien patron de l’OCRTIS par le fait que « la pression soit forte sur le terrain ».
Il soutient qu’au « Senegal, nous avons une zone ouest Africaine qui est occupée par les narcotrafiquants, (le Nigéria, le Ghana qui est un triangle très fort), ils se sont très bien implantés d’ailleurs c’est la raison pour laquelle leur activité est visible »
Le Sénégal est envahi par les drogues dures et les autres formes de drogue essaient de se faire une place. À ce titre, le Commissaire Keita affirme que les narcotrafiquants ont choisis comme objectif de « se faire connaître et développer la consommation au Sénégal ».
En outre, explique le commissaire à la retraite, le Sénégal est un marché qui permet aux trafiquants d’avoir des ressources sur le plan local.
Quid des consommateurs ?
La drogue ronge la société. Les chiffres font froid dans le dos et la prise en charge reste par ailleurs problématique.
Beaucoup de jeunes ont perdu la raison en consommant de la drogue. Il suffit de sortir dans les rues de Dakar pour s’en rendre compte. Tout ceci semble t-il étant favorisé par l’accès facile et le commerce lucratif de la drogue.
Dans son rapport 2024 sur le trafic de drogue , l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) soulignait que « la majorité de la cocaïne qui arrive en Afrique de l’Ouest prend la direction du Maghreb et de l’Europe en empruntant des routes maritimes le long du continent, mais aussi des routes terrestres à travers les pays du Sahel, dont la Mauritanie et le Mali, voisins du Sénégal ».
Selon une autorité publique, le Sénégal est passé d’une « simple zone de transit à une zone de forte consommation de drogue ».
« Avant, nous observions qu’entre 5% et 8% de la cocaïne qui transitait par la région restait sur place. Aujourd’hui, ce taux est passé à 10% , voire 17% ».
Dans sa lutte contre le trafic illicite de drogue, la marine sénégalaise a réceptionné ce mercredi (05-06-2024) son troisième patrouilleur lance -missile OPV 58S , dénommé « Cayor », complétant ainsi son programme d’équipement lancé par l’État du Sénégal.
Ndeye Mour Sembene