Le Cameroun veut faire face aux défis sécuritaires liés notamment à la crise séparatiste des régions anglophones de l’Ouest, et la lutte contre les incursions de Boko Haram depuis le Nigeria voisin. Les importations en armement ont pris l’ascenseur dans le pays.
Selon le rapport sur le commerce extérieur de l’Institut national de la statistique, le Cameroun a importé 674,5 tonnes d’armes, de munitions et d’équipements accessoires en 2023 contre 475 tonnes en 2022, soit +42% en volume. Cela représente également 5,5 milliards FCFA de facture, contre 1,7 milliard FCFA précédemment.
Investir au Cameroun révèle toutefois que le budget 2023 du ministère de la Défense était de 269,4 milliards FCFA, dont plus de 160 milliards consacrés aux achats d’armes et équipements militaires ainsi qu’a des dépenses de fonctionnement inhérentes aux forces de défense et de sécurité nationales. Plus de 100 milliards FCFA sont aussi consacrés aux paiements des salaires.
Le Cameroun s’emploie à développer une industrie locale de l’armement pour réduire ses dépenses d’importation en la matière. Joseph Beti Assomo, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense a ainsi récemment annoncé devant l’Assemblée nationale, la prochaine construction d’usine de munitions à Garoua. Le projet sera selon lui, le fruit d’une collaboration avec la Turquie.
La partie la plus septentrionale du Cameroun, appelée région de l’Extrême-Nord et comptant six départements, subit depuis cinq ans les assauts meurtriers du groupe terroriste Boko Haram. Cette dégradation de la situation sécuritaire fait suite au débordement, sur le territoire camerounais, du conflit opposant l’Etat nigérian aux combattants islamistes qui projetaient d’instaurer un califat dans le nord-est du Nigeria.
Les conséquences de conflit ont fait du Cameroun le deuxième pays le plus touché, parmi les quatre qui subissent les effets de la propagande et des attaques de Boko Haram : on compte aujourd’hui, selon l’estimation du PNUD, plus de 300 000 personnes déplacées internes au Cameroun ainsi que 60 000 réfugiés nigérians.
Les morts et blessés se chiffraient en milliers jusqu’à 2017, année à partir de laquelle le dispositif militaire instauré par la Force multinationale mixte2 a réussi à sécuriser une bonne partie du bassin du Lac Tchad et à réduire considérablement le nombre d’incursions et d’attentats à la bombe attribués à des membres de Boko Haram.