Guy Hervé Kam, avocat renommé et figure de la société civile au Burkina Faso, a été enlevé mercredi soir (29.05.24) à Ouagadougou, peu après sa libération, selon une déclaration de son organisation.
Le mouvement Sens (Servir et non se servir), dont M. Kam est le coordonnateur national, a rapporté que des agents de la sûreté nationale avaient déposé l’avocat sur un terrain vide près de son domicile, où il a été enlevé par un autre groupe d’hommes armés pour une destination inconnue.
Le mouvement s’interroge sur les raisons pour lesquelles M. Kam n’a pas été directement remis à sa famille et pourquoi il a été enlevé par un second groupe embusqué. Cette situation s’ajoute à plusieurs autres cas d’enlèvements de voix critiques au régime militaire, en place depuis le coup d’État de septembre 2022 sous la direction du capitaine Ibrahim Traoré.
Le même jour, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, accusé de tentative de déstabilisation des institutions de l’État, a également été enlevé après avoir été libéré provisoirement la veille, selon son entourage.
Arrêté le 24 janvier à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en civil, Guy Hervé Kam avait été détenu dans les locaux de la sûreté de l’État. Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate, une décision confirmée en appel le 23 avril.
Le mouvement Sens dénonce « l’acharnement des autorités » et estime que cette affaire démontre que « l’arbitraire et la force des armes » règnent désormais au Burkina Faso. Il tient les plus hautes autorités du pays responsables de toute atteinte à l’intégrité physique ou morale de M. Kam, et exige sa libération immédiate et sans condition, ainsi que la fin de ces pratiques répressives.
Guy Hervé Kam est connu pour avoir été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, ancien chef d’État assassiné lors d’un coup d’État perpétré par son successeur Blaise Compaoré. Ancien magistrat, il est également un leader de la société civile et co-fondateur du Balai citoyen, mouvement ayant contribué à la chute du régime Compaoré en 2014.
Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des violences jihadistes perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, causant près de 20 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.