Tout semble désormais clair en Guinée par rapport à la tenue des élections générales. Selon le Premier ministre, et cela sans préciser de nouvelles dates, elles ne pourront pas être tenues en décembre 2024. Pour lui, le seul scrutin possible à la fin de l’année en cours, c’est le référendum constitutionnel. Des propos qui agacent l’opposition et la société civile du pays.
Cellou Baldé de l’UFDG, parti du principal opposant guinéen en exil Cellou Dalein Diallo, n’est pas surpris par la déclaration du chef du gouvernement de la transition. Pour lui, la décision du CNRD de prolonger son règne était déjà prévisible et que le général Doumbouya attendait juste d’avoir un Premier ministre qui saurait l’annoncer au public.
« Nous savions déjà quelle était la mission assignée à Monsieur Amadou Oury Bah. Il a opté pour porter cette initiative d’annoncer au peuple de Guinée que le général de corps d’armée ne respectera pas son engagement et que lui-même, Premier ministre, chef du gouvernement, il est disposé à accompagner cette violation de l’accord librement souscrit par la junte auprès de la Cédéao », a réagi Cellou Baldé.
Le fait que la transition soit sur le point de dépasser le délai convenu pour sa durée avec la CEDEAO fâche aussi la société civile guinéenne. En conférence de pesse ce mardi (21.05.24) à Conakry, Ibrahima Diallo du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution) a annoncé le lancement d’une consultation avec les forces vives de la nation, dont la finalité sera de pousser le CNRD à ramener la Guinée dans l’ordre constitutionnel avant janvier 2025.
« Le FNDC lance une consultation ouverte avec les forces vives de la nation sans exception pour qu’ensemble nous puissions barrer la route aux sirènes prorogassonistes de cette transition », a fait savoir Ibrahima Diallo.
Le jeune activiste longuement incarcéré sous l’actuel régime pour son opposition à une transition assez longue en Guinée, n’a pas manqué de destiner une partie de sa mise en garde contre un éventuel nouveau report des élections générales au Premier ministre, Bah Oury.
« À présent, il a le choix entre trouver sa place du bon côté de l’histoire ou graver son nom sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il prévenu.
La Guinée risque de connaître des journées assez mouvementées dans les mois à venir. Depuis 2022, les manifestations sont interdites dans le pays. Toutes les fois où l’opposition et la société civile ont tenté de les baver, la répression a été sanglante. D’après Amnesty International, au moins 47 personnes ont été tuées entre 2022 et 2024 suite à des protestations de masse.