La RADDHO favorable à une cour spéciale pour juger les crimes commis entre 2000 et 2016 en Gambie

Usman Sonko, l’ancien ministre de l’Intérieur gambien sous Jammeh, a été condamné mercredi (15.05.24) par le Tribunal pénal fédéral (TPF) suisse pour crimes contre l’humanité. Le TPF l’a reconnu coupable de multiples crimes commis entre 2000 et 2016, sous le régime de l’ancien président gambien Yahya Jammeh, et l’a condamné à 20 ans de prison. Avec cette condamnation, un pas important vers l’impunité vient d’être franchi, selon la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho).

Dans cet entretien avec lesnouvellesdafrique.info, son secrétaire général, Sadikh Niasse a invité les autorités gambiennes à la création d’une cour spéciale pour juger tous les crimes commis lors de la présidence de Yahya Jammeh qui, du reste, n’est pas exempt de reproches.

Lesnouvellesdafrique.info : M. Sadikh Niasse, bonjour

Sadikh Niasse : Bonjour.

Lesnouvellesdafrique.info : Le tribunal pénal fédéral de Bellinzone en Suisse a conclu qu’Usman Sonko, 55 ans, était « coupable d’homicides volontaires répétés, d’actes de torture répétés et de privations de liberté répétées, infractions réprimées au titre de crimes contre l’humanité ». Il est condamné à 20 ans. Quelle réaction pour la RADDHO ?

Sadikh Niasse : je crois que c’est une bonne chose dans la mesure où cette condamnation participe à la lutte contre l’impunité des crimes graves qui relèvent même des compétences de la cour pénale internationale (CPI) notamment les crimes de torture et les crimes contre l’humanité. Vous savez pour ce genre de crimes, pratiquement tous les tribunaux de plusieurs pays sont compétents quel que soit le lieu de commission. Beaucoup de pays, effectivement, dispose de cette loi que l’on appelle loi de compétence universelle. La loi de compétence universelle permet à chaque pays de juger n’importe quelle personne dans son territoire même si ces crimes sont commis hors du pays. Cela a été le cas pour le Tchadien Hissen Habré qui a été jugé au Sénégal. En tout cas, la Raddho apprécie cette condamnation positivement.

Lesnouvellesdafrique.info : Quelle est la position de la RADDHO sur le cas Yahya Jammeh en exil en Centrafrique ?

Sadikh Niasse : Pour le cas de Yahya Jammeh, la Raddho encourage vivement les résultats de l’enquête qui a été commanditée par l’actuel président de la Gambie, en l’occurrence Adama Barrow. Ces investigations ont eu comme effet de  révéler la commission de crimes graves durant le règne de Yahya Jammeh en 22 ans. Pour rendre justice il faudrait qu’un tribunal spécial soit créé en Gambie pour juger l’ensemble de ces crimes. Quels que soient les auteurs et là où ils se trouvent, qu’ils puissent être traduits devant ces tribunaux et répondre de leurs actes. Que ce soit Yahya Jammeh ou les autres. Et d’ailleurs, la condamnation d’Usman Sonko ne fait qu’ aggraver la situation de Yahya Jammeh parce que tout le monde sait la complicité qu’il y avait entre lui et ses ministres. Donc quel que soit le lieu de résidence actuelle de l’ancien président gambien, il faudrait qu’il réponde de ses actes pour élucider les crimes commis durant les 22 ans que Jammeh à été à la tête de la Gambie.

Lesnouvellesdafrique.info : Usman Sonko est un proche de confiance du président gambien de l’époque Yahya Jammeh, qui a dirigé la Gambie de manière répressive entre 1994 et 2016 ». Yahya Jammeh devrait-il être soumis au même sort ?

Sadikh Niasse : en tout cas la condamnation d’Usmane Sonko est un élément qui vient renforcer la culpabilité de Yahya Jammeh vue la complicité qui existait entre ces deux hommes.

Lesnouvellesdafrique.info : Apres 22 ans de dictature, le pays est aujourd’hui entre les mains de Adama Barrow, quel est l’état des droits de l’homme à l’heure actuelle sous son magistère ?

Sadikh Niasse : depuis l’arrivée du président Adama Barrow à la tête de la Gambie, on note effectivement qu’il y a plus de liberté de presse, d’information, d’association dans le pays. L’espace civique a été beaucoup amélioré sur le plan des droits civils et politiques. Toutefois, le problème d’Adama Barrow, c’est au niveau des droits économiques, sociaux et culturels. Il y a donc des efforts à faire pour que la vie soit moins chère, l’accès aux services sociaux de base soit amélioré.

Lesnouvellesdafrique.info : M. Niasse, merci.

Sadikh Niasse : c’est moi.

 

A.K. Coulibaly

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