Le Premier ministre sénégalais s’en est pris au président français qu’il accuse d’avoir incité à la « persécution ». Lors d’une conférence publique, jeudi (16.05.24) à l’université de Dakar, Ousmane Sonko a déploré l’attitude de Paris lors de la répression contre son mouvement par l’ancien président Macky Sall. Une réaction que Bacary Domingo Mané, analyste politique sénégalais, trouve compréhensible.
C’est une colère longuement accumulée contre la France que l’ex opposant à Macky Sall a exprimée. Pour ce qui est de son appréciation par les Sénégalais, elle diffère d’une personne à une autre. Doctorant en communication et connu pour ses analyses dans l’espace politique sénégalais, Bacary Domingo Mané est de ceux qui pensent que l’acte de Sonko est normal.
« Pour moi, c’est une critique objective qui s’inscrit dans une critique globale contre l’Europe qui a l’habitude de se mêler de tout. Mais on voit en même temps dans son comportement se retenir, s’abstenir lorsque ses intérêts sont en jeu. C’est le cas de Macron à l’égard du Sénégal où il avait son ami qui s’appelle Macky Sall, qui lui donnait tous les marchés », dit-il.
D’après l’analyste politique, l’inaction de la France face à ce que subissaient Ousmane Sonko et ses partisans sous Macky Sall était une stratégie.
« Le président français a vraiment fermé les yeux face à la répression dont le PASTEF et ses leaders étaient victimes. Donc, c’est tout à fait normal qu’Ousmane Sonko rappelle cela, puisque c’est cette Europe qui a l’habitude de s’ériger en donneur de leçons démocratiques. Mais on voit bel et bien que, même si elle essaie de se mêler de tout, cette Europe-là a toujours eu l’intelligence de s’abstenir lorsque ses intérêts sont en jeu », explique le docteur Bacary Domingo.
Maintenant que le Sénégal est entre les mains du Pastef, faut-il s’attendre à des relations tendues entre Dakar et Paris ? La question se pose, mais difficile pour le moment à être répondue avec exactitude.