GTA, une opportunité pour améliorer l’approvisionnement de l’Afrique en énergie

Le FPSO (unité flottante de production de stockage et de déchargement), un bâtiment pour le traitement et le stockage des hydrocarbures, de pétrole, de  gaz naturel ou des huiles produits en mer est arrivé à bon port au Sénégal samedi (11. 05. 24). Ceci marque un tournant décisif dans le processus de démarrage de la production de gaz et de pétrole d’avec son voisin mauritanien.

En effet deux projets offshore (au large des côtes du pays) se sont présentés au Sénégal. Un projet gazier commun avec la Mauritanie et un autre pétrolier. Des découvertes ayant été réalisées dans la période 2014-2015 par des firmes étrangères notamment américaines (Kosmos) et britanniques (Bp).

Le projet gazier implique le corridor sénégalo- mauritanien car les découvertes sont situées de part et d’autre de la frontière maritime entre ces deux.

Situé à environ 125 km au large de la ville de Saint-Louis (Sénégal), à cheval sur les eaux territoriales sénégalo-mauritaniennes, le gisement gazier de la grand-Tortue Ahmeyim (GTA) contiendrait des réserves de gaz estimées à 450 milliards de mètres-cubes, ce qui en ferait le plus important de l’Afrique de l’ouest.

Les acteurs concernés

Le GTA (Grand Tortue Ahmeyin) regroupe le géant britannique British Petroleum (Bp), Kosmos Energy aux Etats Unis, les sociétés nationales des deux pays concernés Petrosen (Sénégal) et la Société Mauritanienne des Hydrocarbures ((SMH) de la Mauritanie.

BP dispose de 60% au Sénégal et de 62% en Mauritanie. Kosmos 30% et respectivement 28%. Petrosen et Smh se partagent les 10%.

Quant au projet pétrolier, la compagnie australienne Woodside Energy détient 82% en association avec Petrosen 18%. Il faut dire que pour celui-ci, Bp et Woodside en sont les leaders.

Déjà en février dernier, l’unité flottante de gaz naturel liquéfié (FLNG), composante essentielle du projet de gaz naturel liquéfié (GNL) Grand Tortue Ahmeyim avait accosté dans les eaux sénégalo-mauritaniennes, selon la compagnie BP. En effet, ces deux voisins comptent sur les revenus gaziers pour booster leur économie afin de s’assurer un développement durable. Annoncé pour 2021, ensuite début 2024, la production de gaz devrait finalement démarrer pour le troisième trimestre-2024; les recettes issues de l’exploitation seront réparties équitablement entre le Sénégal et la Mauritanie.

D’ailleurs, ce projet gazier fait l’objet de grandes attentes de la part des populations.

Papa Fara Diallo, Président de la section sénégalaise de la coalition Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) est d’avis que son entame peut faire penser à un décollage économique.

Alerte sur la gestion des attentes

D’après le, Président de PCQVP, tout porte à croire que l’attente est grande quant à la production du gaz et de pétrole au Sénégal.

Néanmoins, il attire l’attention sur le fait que le Sénégal ne peut pas se comparer  à certains géants producteurs de pétrole tels que les Emirats Arabas Unis, Dubaï,au Qatar ou encore le Nigéria dès le démarrage de sa production. Comparé au Nigeria qui produit a peu près plus d’un (01) million de baril par jour, le Sénégal devra en faire 70 000 mille barils pour un début. Le Sénégal n’est pas encore un grand pays producteur de pétrole même si les volumes de production attendus sont importants.

 

Les revenus issus de l’exploitation

Papa Fara Diallo estime nécessaire la prise de précautions concernant la gestion des ressources issues de l’exploitation des hydrocarbures . Selon lui, une loi de 2022 règle la question de la répartition des revenus issus de l’exploitation des hydrocarbures qui a pour principe la budgétisation intégrale. C’est par la mise en place d’un fonds intergénérationnel de 10% que l’Etat compte mettre dans ce fonds géré par le FONSIS (Fonds Souverains d’Investissements Stratégiques)  et un autre fonds de  stabilisation prévu pour faire face aux  surplus de recettes en rapport aux fluctuations du prix du baril du pétrole. Cet argent sera injecté dans le budget pour une stabilisation. L’objectif étant  dans ce cas d’éviter un budget procyclique.

L’autre enjeu va résider dans les options macro économiques comme celles des politiques publiques. C’est à dire, il ne s’agira pas d’emprunter de l’argent sur la base des ressources d’hydrocarbures. L’argent issu de ces ressources vont plutôt faire l’objet d’investissements et non servir à payer des salaires ou des avantages sociaux. Mais dans quel secteur investir ? Seulement cela ne fait pas pour le moment l’objet de débats selon M. Diallo pour qui  il nécessite de larges concertations.

L’utilité de l’ITIE

Il faut dire que cette gestion des revenus pétroliers, miniers et gaziers exige de la transparence d’où la mise en place de L’initiative pour la transparence des Industries Extractives (ITIE) crée en 2002 par l’ancien premier ministre britannique Tony Blair lors du sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Elle a pour but de renforcer la bonne gouvernance dans les pays riches en ressources naturelles en mettant à la disposition du public, toutes informations relatives aux versements effectués par les sociétés minières, pétrolières et gazières.

Constituée par une coalition de gouvernements, d’entreprises, d’organisations de la société civile, d’investisseurs et d’organisations internationales, l’ITIE encourage les gouvernements, les entreprises et les organisations de la Société Civile à travailler ensemble pour élaborer un cadre pour la publication régulière des paiements et des recettes générées par les industries extractives.

A travers la divulgation de l’information financière, la norme ITIE permet d’accroitre la transparence et la redevabilité dans l’utilisation et la distribution des revenus en vue de lutter contre la corruption et de promouvoir le développement durable.

Le Sénégal a adhéré à la norme en 2013 et en 10 ans de mise en œuvre, il a fait l’objet de deux validations car ayant accompli des progrès en matière de gouvernance et de transparence dans le secteur extractif : il est un bon élève pour avoir occupé le 1er rang au niveau africain et 4 ème au niveau mondial.

Cependant même si Papa Fara Diallo loue cet outil formidable en termes de publication de données fiables dans le secteur extractif, il estime que l’ITIE constitue l’arbre qui cache la forêt. Pourquoi parce que derrière cette transparence affichée, les communautés qui vivent dans les zones extractives subissent des impacts environnementaux, sociaux et même économiques.

D’après lui, la protection et la garantie des droits de ces communautés font face à des limites quant à l’évolution de la norme de l’Itie.

D’où tout le sens de l’implication de la société civile au sein de l’itie avec comme objectif : essayer de faire évoluer la norme mais aussi de mettre l’accent sur la vulnérabilité  certaines couches face  au secteur extractif.

Aussi challenger les chiffres que le rapport de l’itie avance par rapport aux réalités vécues par ces populations. Ces dernières font face à des réalités économiques, socio-environnementaux dûes à des pertes de revenus ou d’impacts sur la santé.

Opportunités

Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest, place beaucoup d’espoir dans l’exploitation future commune avec la Mauritanie des champs de gaz et de pétrole découverts dans l’Atlantique ces dernières années.

Les recettes s’estiment à 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an dans un premier temps, et 10 millions en 2030. Les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz.

Les deux pays partageront les recettes estimées entre 80 et 90 milliards de dollars sur 20 ans. Le chantier a pris un peu de retard à cause de la pandémie.

Par ailleurs, le Président de PCQVP préconise à partir des revenus générés avec le pétrole et le gaz, l’imprégnation de l’utilisation de  la pétrochimie pour booster l’agriculture, et  voir comment développer la stratégie du gas to power.

L’utilisation du gaz naturel disponible ici doit pouvoir selon ce dernier produire suffisamment de l’énergie. Mais aussi faire en sorte que les ménages disposent du gaz butane à moindre coût.

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