Exclusif : A’SALFO du groupe Magic System décline les ambitions du FEMUA 2024

Du 14 au 19 mai, la Côte d’Ivoire accueille la 16ème édition du festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA). Cet grand événement culturel est devenu une institution culturelle en Afrique francophone qui regroupe de grands artistes connus et de jeunes talents du continent. Nous en parlons dans cet entretien exclusif avec A’SALFO du groupe Magic System, commissaire général du FEMUA.

Lesnouvellesdafrique.info : Vous êtes le commissaire général du FEMUA, le festival des musiques urbaines d’Anoumabo. Cette année, contrairement aux années précédentes, cette rencontre culturelle accueille plusieurs têtes d’affiche parmi les meilleurs artistes africains du moment qui débarquent Côte d’Ivoire.

A’SALFO : Oui, exactement. Parce que après seize éditions, le FEMUA se veut un festival qui innove tout en grandissant. Ce qui fait qu’on essaie à chaque programmation d’associer les meilleurs du moment sur le continent. Et c’est ce qui nous a amenés à faire ce casting pour que nous ayons une 16e édition plus relevée que les précédentes.

Lesnouvellesdafrique.info : Alors, parmi les têtes d’affiche, il y a évidemment Gims, la nigériane Yemi Alade mais il y a aussi Sona Jobarteh, qui est l’une des joueuses de kora la plus connue au monde.

A’SALFO : Oui, exactement. Sona Jobarteh, c’est vrai que c’est vraiment pour les puristes. Et moi qui la connais et qui écoute beaucoup sa musique, j’ai trouvé qu’elle n’était pas assez connue en Afrique. Elle est connue à travers le monde, mais en Afrique, il fallait trouver une plateforme sur laquelle, on allait mieux exposer ses œuvres et mieux montrer Sona Jobarteh.

Et je trouvais que le FEMUA est une belle aubaine. Et donc j’ai voulu l’associer à cet événement. Je ne la connais pas personnellement, mais c’est quelqu’un dont j’ai vraiment un faible pour sa musique parce qu’elle fait de la bonne musique. Et puis, bien sûr, dans la gent féminine, elle se distingue à travers la kora qu’elle joue.

Il n’y a pas beaucoup de femmes en Afrique qui jouent la kora et elle, elle manipule bien aussi la langue bambara et je trouve que c’est une personne qu’on doit présenter à tout le monde surtout en Côte d’Ivoire.

Et les Ivoiriens qui ne la connaissent pas beaucoup vont la découvrir et aussi permettre à toute l’Afrique de savoir que nous avons eu un talent comme ceux-là qui tournent partout dans le monde, mais qui chez eux-mêmes ne tournent pas trop.

Lesnouvellesdafrique.info : Yemi Alade n’est pas la seule femme qui va jouer. Je parlais de Yemi Alade et, contrairement à Sona Jobarteh, elle est très connue en Côte d’Ivoire. Elle a chanté à vos côtés l’hymne de la CAN pour l’ouverture. Dans quelle mesure il est important pour vous Asalfo de positionner la gent féminine sur les scènes africaines de musique.

A’SALFO : Déjà parce que c’est une scène qui est fortement dominée par les artistes masculin en termes de références musicales. Et pour moi, je trouve que Yemi Alade, qui est restée constante dans sa carrière, était quelqu’un qui pouvait apporter un plus à ce FEMUA. Et puis on s’inscrit aussi dans la dynamique de la Coupe d’Afrique des nations qui s’est déroulée en Côte d’Ivoire de fort belle manière, avec la victoire des Eléphants sur le Nigeria.

Et avec Yemi Alade, ce sont des retrouvailles musicales entre deux pays après la fête football. Donc voilà, ramener Yemi Alade en Côte d’Ivoire, c’est rappeler aussi ce lien fort qui existe entre les Nigériens et les Ivoiriens dans tous les domaines, que ce soit dans le domaine politique, culturel ou sportif. Et en plus, Yemi Alade, c’est l’une des artistes anglophones les plus proches des artistes francophones.

Lesnouvellesdafrique.info : Elle a fait beaucoup de featuring avec les artistes francophones notamment. Mais vous ne choisissez pas que des têtes d’affiche connues, vous faites aussi un clin d’œil aux jeunes artistes comme Tamsir dont le son « coup de marteau » a aussi cartonné en Côte d’Ivoire lors de la CAN et un peu partout en Afrique.

A’SALFO : Oui, c’est pourquoi ce festival a été créé. Et je crois que Tamsir est sur une pente ascendante. Il faudrait aussi lui permettre de continuer à gravir ces échelons. Et des plateformes comme le FEMUA peuvent être un appui important pour lui. Et je trouve que dans cette dynamique-là dans laquelle il est, il était important de l’associer à cet évènement et de pouvoir aussi lui donner une lucarne à travers laquelle il pourra s’exprimer.

Parce que Tamsir, on le connait avec le morceau « coup de marteau », mais on ne sait pas que Tamsir, c’est l’un des plus grands producteurs de musique en Côte d’Ivoire. Donc il aura l’occasion, à travers sa production, de montrer tous les jeunes talentueux qu’il a pu produire. Donc, en invitant Tamsir, c’est toute une génération que nous invitons qui va se succéder sur scène avec lui pour faire le show. Donc pour moi c’est une belle aubaine.

Lesnouvellesdafrique.info : En tout cas, vous faites un savant mélange entre une nouvelle génération et ancienne génération. Parce que il y a aussi eu Gadji Céli qui jouera au festival. Et vous faites aussi un bon mélange entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone. Et d’ailleurs, je rebondis sur ce mélange pour dire que c’est la Guinée-Bissau, un pays lusophone qui va être, cette année, le pays invité de votre festival.

A’SALFO : Oui, parce que le FEMUA, aujourd’hui, est un festival qui se veut, un événement d’intégration qui permet aux autres peuples de pouvoir présenter leurs diversités culturelles. Et pour moi, en invitant la Guinée-Bissau, c’était une manière de dire que la culture n’a pas de barrière linguistique. Donc, un pays lusophone se trouve au milieu des pays francophones et anglophones et à qui, on peut donner une place parce que ce pays-là regorge de richesses culturelles immenses, des atouts touristiques, gastronomiques et artistiques, tant mieux. Je pense que c’est important de pouvoir permettre à la Guinée-Bissau de venir exposer car c’est un pays qui est plus que motivé à prendre part de la plus belle des manières à ce FEMUA.

Donc nous les attendons avec, à la tête de leur délégation, le Président de la République. Ça, c’est une première et c’est quelque chose qui va être très fort.

J’ai eu la chance de rencontrer, à deux reprises, le président Umaro Sissoco Embaló à Bissau et qui est vraiment motivé et qui nous envoie une forte délégation de plus d’une soixantaine de personnes. Ainsi, la Guinée Bissau va s’exprimer sur le plan culturel, sur le plan artistique, sur le plan gastronomique, et il y aura des stylistes qui vont venir faire des défilés de mode, il y aura des sculpteurs, il y aura des artistes chanteurs, il y aura des danseurs, et c’est vraiment la Guinée Bissau sur toutes ses facettes que peut-être les autres Africains ne connaissent pas qui va venir s’exposer du 14 au 19 mai prochain à Abidjan.

Lesnouvellesdafrique.info : Vous me tendez la perche pour dire que ce festival, ce n’est pas que de la musique, c’est aussi beaucoup d’autres choses autour de la création d’emplois pour les jeunes.

A’SALFO : Les jeunes peuvent aussi monnayer leur créativité dans une Côte d’Ivoire où il y a un accueil fabuleux en ce qui concerne l’hospitalité. Je pense que l’on ne va pas trop insister là-dessus parce que le tigre ne crie pas sa tigritude.

En tout cas, tous ceux qui sont venus en Côte d’Ivoire pour la coupe d’Afrique des nations ont pu découvrir ce talent d’accueil que nous avons et qu’aujourd’hui avec le FEMUA, ce sont les mêmes choses encore qui vont se répéter. Donc nous attendons de fortes délégations.

Et puis, à travers toutes les articulations qui vont se faire pendant le FEMUA, c’est encore une autre facette de la Côte d’Ivoire, mais cette fois-ci, la Côte d’Ivoire culturelle que nous allons présenter. Et vous savez que nous avons choisi la ville de Ferkessédougou pour accueillir les festivités décentralisées du FEMUA. Donc ça va être très fort. On va accueillir du monde et on saura encore montrer, démontrer toute notre hospitalité.

Lesnouvellesdafrique.info : Pourquoi pour vous, il est important d’avoir son festival pour les Africains en Afrique, en terre africaine ?

A’SALFO : Parce qu’il est temps aussi que l’Afrique montre qu’elle sait faire de belles choses et que l’Afrique est le berceau aussi de la culture. C’est le continent de la culture. Il n’est pas normal que quand on parle de référence en termes de festival, qu’on parle toujours des festivals européens. On a beaucoup entendu parler des Francofolies de La Rochelle, on a entendu parler des Vieilles Charrues, on a entendu parler de Couleur Café, du Festival de SPA en Belgique. On a entendu parler d’autres festivals aux États-Unis etc.

Mais l’Afrique n’avait pas de référence en matière de festivals et je crois qu’aujourd’hui, nous sommes en train de montrer dans presque tous les pays qu’il y a au moins un grand festival qui vient avec son esprit, avec de l’innovation, qui vient avec de l’inclusion, parce que, par exemple, à travers le FEMUA, nous avons réussi à créer des emplois directs et indirects pour près de 12 000 personnes.

Il y a un volet social très important, c’est même la colonne vertébrale du festival, parce que, avec le FEMUA aujourd’hui, nous avons pu offrir dix écoles Magic System à la Côte d’Ivoire.

Donc, aujourd’hui, le FEMUA contribue au développement du pays. Donc nous sommes à fond et je crois que l’Afrique est en train de se réveiller et ce réveil est en train d’être brusque et surprenant pour beaucoup de personnes. Mais on savait que tôt ou tard, l’Afrique va jouer son rôle parmi les grandes nations de culture.

Lesnouvellesdafrique.info : Merci beaucoup, A’SALFO.

A’SALFO : Merci.

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