« Le balafon est l’instrument roi » (Koné Dodo, Djéguélé festival international)

Interview avec Koné Dodo, directeur du festival international du balafon à Boundiali, du 27 avril au 4 mai, dans le nord de Côte d’Ivoire. Djéguélé festival est devenu un  événement un rendez-vous incontournable dans l’agenda culturel du pays.   

Les nouvelles d’Afrique. Info : Bonjour, M. Koné.

Koné Dodo : Bonjour.

Lesnouvellesdafrique.info : Le balafon est un instrument qu’on joue depuis le XIIIe siècle en Afrique. Une pratique qui se transmet de génération en génération. Mais contrairement à la kora qui ne cesse de moderniser ses sons, les joueurs du balafon ont du mal à atteindre des sommets. Pourquoi ?

Koné Dodo : Le balafon existe depuis longtemps, c’est vrai. Et moi, je considère le balafon comme  , surtout en pays sénoufo. Et le balafon existe partout, quasiment partout en Afrique et en Amérique du Sud. C’est dire que le balafon a une histoire, que le balafon se pérennise. On dit que la kora modernise ses sons mais le balafon aussi. Le xylophone est une copie du balafon. Tiken Jah Fakoly joue avec du balafon et beaucoup d’autres artistes. Mais ils utilisent la programmation pour utiliser le son du balafon. C’est ce que nous ne voulons pas. Nous voulons que les balafonistes jouent en live sur la scène et c’est à cela que nous nous employons depuis quelques années.

Je pense que les choses avancent très bien et que tout le monde est en train de comprendre qu’il est important d’ajouter non seulement la kora, mais le balafon qui a un son fantastique.

Les nouvelles d’Afrique. Info : De moins en moins de jeunes jouent au balafon et se tournent plutôt vers des instruments modernes. Comment travaillez-vous à travers ce festival pour intéresser les jeunes à la pratique de cet instrument traditionnel ?

Koné Dodo : Bien, c’est vrai ce que vous dites, mais actuellement, dans la région de la Bagoué, une école de balafon est en train de se créer qui va voir le jour, j’espère d’ici la fin de l’année. Nous prévoyons d’avoir des master classes trimestrielles dans la ville de Boundiali pour intéresser de plus en plus de jeunes.

Et vous constatez que nous faisons de petits concours relatifs au balafon, à la connaissance du balafon, et je crois que cela est important. Et depuis que le balafon existe, de plus en plus de personnes, de jeunes s’intéressent au balafon et nous allons faire en sorte que le balafon voyage, qu’il voyage à travers le monde, faire des concerts à travers le monde. Nous voulons que la majorité des balafonistes aillent loin avec cet instrument.

L’Amérique adore les instruments comme le balafon. Et c’est à nous, opérateurs culturels, hommes de culture, de faire mieux connaître le balafon et de demander aux gens de ne pas se contenter du son du xylophone, mais de s’intéresser d’abord à l’original.

 

Lesnouvellesdafrique.info : Dans quelle mesure il est important de ramener le balafon auprès des populations afin de vulgariser les cultures orales et traditionnelles africaines.

Koné Dodo : Je pense que ça se fait naturellement. Quand vous regardez par exemple le peuple sénoufo qui vit avec le balafon, je l’ai toujours dit, le balafon est présent quand un enfant naît, on joue du balafon, quand on se marie, on joue du balafon pour encourager les laboureurs, on joue du balafon pour accueillir les personnalités qui visitent une ville, on joue du balafon. Et puis au décès, le balafon est toujours là pour nous accompagner à notre dernière demeure. Bref, le balafon n’est pas prêt à disparaître contrairement à ce que certains croient, il n’est pas prêt à disparaître comme le tango n’est pas prêt à disparaître en Amérique du Sud, en Argentine etc. Il en va de même pour le balafon.

Lesnouvellesdafrique.info : le balafon séduit-il encore les dirigeants et responsables politico-culturels en Afrique ?

Koné Dodo : Oui, énormément. Parce que chaque fois qu’il y a une activité politique, il y a le balafon. Pas seulement dans la région nord de la Côte d’Ivoire, du sud du Mali et du sud du Burkina, mais aussi partout en Côte d’Ivoire, on trouve du balafon lorsqu’il y a des personnalités politiques qui viennent et ce sont ces personnalités qui demandent que le balafon vienne jouer.

A Abidjan, dans les quartiers comme Abobo, Yopougon ou Koumassi, il y a de plus en plus de groupes de balafon et ça, nous en sommes très heureux, car ils participent à différentes activités culturelles.

Et il y a aussi que le balafon est aujourd’hui entré l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle, l’Insaac, forme beaucoup de balafonistes chaque année. Il y a des balafonistes de l’Insaac qui viennent jouer au festival, surtout des femmes. Chaque année des étudiants de l’Insaac vient jouer au festival.

Les quatre années passées, on a invité des femmes qui jouaient au balafon et qui étaient formidables, qui avaient modernisé le balafon.

Nous pensons que le balafon va se développer, va aller très loin, et nous ferons en sorte que cela soit une nécessité pour tous.

Les nouvelles d’Afrique. Info : merci beaucoup, M. Koné

Koné Dodo Merci à vous.

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