L’office national de lutte contre la fraude et la corruption(Ofnac) a procédé ce mardi (25.04.24) à la publication de son rapport d’activité pour l’année 2022.
Ce document rendu public sur instruction du président Bassirou Diomaye Faye met en lumière de nombreux manquements dans la gestion des affaires relevant de la chose publique.
Les investigations menées par les enquêteurs de l’Ofnac révèlent neuf dossiers qui font l’objet de mauvaise gestion. Ces fautes de gestion concernent pour la plupart des responsables du régime sortant de Benno Bokk Yaakaar (BBY).
Tous ces dossiers, selon l’Ofnac, ont été transmis aux autorités judiciaires. Des maires ont été épinglés suite à des dénonciations anonymes portant sur des malversations supposées dans leurs gestions.
A l’image de Mamadou Sow, de la commune de Gandé (Louga km de Dakar). Ce dernier est poursuivi pour détournement de deniers publics, de faux et usage de faux, d’occupation de terrain sans droit ni titre, de comptabilité de fait et de faute de gestion. Et, il est loin d’être le seul.
Les enquêtes portent également sur l’affaire relative à l’acquisition et à la prestation de services de transport de vivres et autres produits dans la lutte contre les effets de la pandémie à COVID 19.
LesNouvellesdAfrique.info est allé à la rencontre de certains Sénégalais. Babacar est communiquant, trouvé devant le vendeur de journaux à l’arrêt de bus de la cité Avion dans la quartier de Ouakam (Ouest de Dakar) dit avoir un sentiment de « désolation ».
« Cette situation est frustrante et scandaleuse. Au moment où les Sénégalais étaient enfermés chez eux, à se battre contre la vie chère, et les effets du covid , eux piller nos deniers, et détourner l’argent du contribuable », maugrée-t-il
Selon lui, la publication de ces rapports montre à suffisance que ce nouveau régime « veut travailler avec transparence. Toutefois, on attend de voir où « finira ces rapports publiés. Si ces personnes citées seront poursuivis. Même s’il y’a une présomption d’innocence. Pas de chasse aux sorciers, pas de vengeance mais qu’il y’ait justice », insiste-t-il
Serigne Saliou n’est pas du même avis. Il condamne cette situation, évoquant une volonté de « nuire » ou « vilipender » les personnes visées par les enquêtes.
Selon Serigne Saliou, il fallait « simplement mettre ces documents à la disposition de la justice sans que personne n’en soit informé. C’est inhumain de rendre publics ces rapports », dénonce-t-il. Néanmoins, il n’est pas contre toute poursuite judiciaire afin de rassurer les sénégalais et éclairer leur lanterne.
Joint au téléphone, Me Abdoulaye Tall, un des avocat de l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, n’a pas voulu se prononcer sur le sujet, car dit-il « n’être pas mandaté», affirmant que « le gouvernement va se réunir aujourd’hui ce samedi (27.04.24) pour aborder le sujet.
Pour cet autre juriste sous le couvert de l’anonymat, l’opportunité des poursuites est une prérogative du ministère public.
« Lorsqu’un rapport est publié, c’est le procureur qui a la prérogative d’apprécier s’il est opportun de poursuivre ou de ne pas poursuivre les personnes qui sont présumées épinglés par ce rapport », explique-t-il.
S’agissant des détournements de deniers publics, ce sont des faits punis par les articles 151 et suivants du code pénal. En effet, les personnes épinglées risquent une « peine d’emprisonnement allant de 5 à 10 ans », souligne le juriste
Les Sénégalais ont les yeux rivés sur l’issue de ces dossiers. Ils espèrent que le droit sera dit. Quant à l’Ofnac, il lui reste à publier les rapports de 2023. Ceux de 2019, 2020, 2021 et 2022 ayant été déjà rendu publics.
Ndeye Mour Sembene