Le Bayer Leverkusen a remporté dimanche (14.04.24) son premier titre de champion d’Allemagne en 120 ans d’existence grâce à sa victoire à domicile contre le Werder Brême (5-0).
A cinq journées de la fin, les poulains de Xabi Alonso comptent 16 points d’avance sur leurs poursuivants, et ne peuvent plus être rejoints en tête de la Bundesliga.
Après les victoires la veille du Bayern contre Cologne (2-0) et de Stuttgart contre l’Eintracht Francfort (3-0), le Bayer était obligé de s’imposer contre Brême pour célébrer ce titre historique avec ses 30.000 spectateurs massés dans la BayArena, écharpes célébrant le titre autour du cou avant le coup d’envoi.
L’international nigérian Victor Boniface, co-meilleur buteur de Leverkusen cette saison (11 buts en championnat), a mis son équipe sur le bon chemin à la 25e minute, Granit Xhaka a doublé la mise à la 68e et Florian Wirtz, entré en jeu en début de seconde période, a mis le feu à la BayArena avec un triplé.
La pelouse a alors été envahie par les supporters de Leverkusen quelques secondes avant la fin du match, dans une ambiance exceptionnelle.
Le piédestal sur lequel trônait le Bayern Munich depuis plus d’une décennie s’était déjà fissuré à sa base la saison dernière à l’occasion du onzième sacre arraché in extremis – et à la différence de buts – des mains du Borussia Dortmund sur un but de Jamal Musiala à la 88e minute de la dernière journée.
Un simple outsider
Pour mettre fin à la domination du Bayern, le Bayer Leverkusen n’était en début de saison qu’un outsider, alors que le club est affublé depuis plus de deux décennies du sobriquet peu glorieux de « Neverkusen » (à partir de l’anglais +never+, jamais), moquant cette incapacité chronique à décrocher le titre national (notamment en 2000 et 2002).
Mais cette saison, l’équipe entraînée depuis l’automne 2022 par l’Espagnol Xabi Alonso a imprimé un rythme infernal, invaincue en 43 matches disputés toutes compétitions confondues, égalant la performance de la Juventus Turin en 2011-12 (les Bianconeri ne jouaient pas de Coupe d’Europe). A faire pâlir le Bayern Munich dans ses meilleures saisons sous l’ère Pep Guardiola.
Et c’est finalement le Bayern Munich qui a fini par craquer au cours d’un mois de février catastrophique (quatre points pris sur douze possibles, quand Leverkusen a fait le plein). Encore fallait-il ensuite tenir.
En seconde partie de saison, le « Werkself » – le « onze de l’usine » – a fait preuve d’une foi inébranlable en lui-même, proposant une véritable ode à la patience (six matches depuis janvier avec des buts dans le temps additionnel de la seconde période pour aboutir à cinq victoires et un match nul).
La touche Xabi Alonso
A 42 ans, Xabi Alonso réalise pour sa première expérience d’entraîneur une entrée triomphale dans la cour des grands, lui qui a relevé la saison dernière le club de la périphérie de Cologne de la 17e à la 6e place pour assurer une présence européenne en 2023/24 et hissant le « Werkself » en demi-finales de la Ligue Europa.
Avec son équipe, il a su créer un jeu attractif, se basant toutefois sur une solide assise défensive. Cette saison, son équipe est encore en lice en Ligue Europa (quart de finale retour jeudi à Londres contre West Ham après une victoire 2-0 à l’aller) et en Coupe d’Allemagne (finale le 25 mai contre Kaiserslautern, pensionnaire de 2e division).
Et ce n’est peut-être pas fini, puisque l’entraîneur stratège a décidé de continuer l’aventure à Leverkusen la saison prochaine, malgré les convoitises de deux grands d’Europe, Liverpool en quête d’un successeur à Jürgen Klopp, et le Bayern Munich, qui a décidé d’arrêter à la fin de la saison sa collaboration avec Thomas Tuchel.
Le Bayern Munich n’est donc pas champion d’Allemagne, une simple phrase qui n’a plus été prononcée depuis le printemps 2013. La fin d’une ère record pour l’un des cinq grands championnats européens.