Avec ses nombreux (petits) acteurs et , surtout, la démocratisation de l’usage des smartphones, l’industrie du jeu à le vent en poupe. Mais elle reste freinée par… les délestage
L’industrie vidéoludique explose grâce à de petits acteurs
Si l’adoption des smartphones a stimulé les compétences numériques en Afrique, l’explosion de l’industrie vidéoludique est d’abord le fait de petits acteurs ambitieux qui ont su dynamiser le marché. En 1994, il n’existait sur le continent qu’un seul studio produisant des jeux : Celestial Games, en Afrique du Sud. Trente ans plus tard, ils sont des dizaines, principalement dans les pays anglophones. Le Cap et Johannesburg font figure de « bulles tech » avec des pontes du secteur comme Thoopid, Free Lives, Nyamakop, 24 Bit Games et des jeunes pousses prometteuses : Whimsy Games, Ready, Play! ou Tasty Poison. Le Nigeria n’est pas en reste avec une scène très active composée des studios Kuluya, Gamesole ou Maliyo. D’autres pionniers ont bâti leur foyer au Cameroun (Kiro’o Games) ou au Ghana (Leti Arts).
Le tour de force de ces structures est d’avoir réussi à créer une exception africaine en se détournant de l’occidentalocentrisme des « triple A », ces grosses productions vidéoludiques dont les scénarios tournent souvent autour du nombril américain ou de codes culturels européens. Ne pouvant rivaliser avec ces mastodontes, ces PME ont fait le pari de raconter des histoires africaines et d’aborder des problématiques locales, afin d’attirer un nouveau public.
Da’karapid, de Kayfo Games, fait appel à votre dextérité au volant d’un des fameux bus sénégalais. Le nigérian Maliyo Games, vous propose de libérer les otages d’un gang de Lagos dans Kidnapped, ou d’incarner, dans NDC, une sorte de Rambo nigérian qui doit « venger la mort de civils innocents » en tuant des ennemis calqués sur les jihadistes de Boko Haram. D’autres s’autorisent la parodie, comme Le Responsable des Camerounais de Kiro’o Games, où l’on joue un fonctionnaire qui doit jongler entre maîtresses et pots-de-vin afin de devenir un haut responsable de l’administration.
L’électrification, une étape primordiale
Mais cette révolution ne pourrait prendre son envol sans le souffle incarné par d’autres acteurs du milieu : passionnés, investisseurs, critiques, organisateurs de compétitions et de conférences. Depuis 2018, l’Afrique tient son premier salon consacré aux jeux vidéo, l’Africa Games Week, au Cap. Ville où se déroule aussi Playtopia, événement regroupant les éditeurs africains de jeux indépendants. Autant de coups de projecteurs sur les talents du continent, afin d’attirer des entreprises internationales.
Depuis 2019, les Games Industry Africa Awards (GIAA), du développeur Vic Bassey, s’attellent à célébrer ces nouveaux talents. Ils récompensent les stars montantes et les meilleures initiatives de l’année. En 2022, c’est un autre acteur majeur du secteur qui se voyait attribuer le prix Mentor de l’année : le Nigérian Hugo Obi, fondateur du studio Maliyo Games.
En ce début d’année 2024, c’est encore lui qui est à l’initiative du premier rapport sur l’état de l’industrie :
« The Africa Games Industry Report », calqué sur les rapports des marchés émergents au Brésil et en IndeReste les embûches sur la route d’une véritable éclosion du secteur : les délestages.
Selon un sondage réalisé dans le rapport d’Hugo Obi, 82 % des développeurs africains estiment que l’électrification est une étape primordiale pour le développement de l’industrie ; comme un accès à internet abordable (76 %) et une connexion haut débit (75 %). La partie est encore loin d’être gagnée !
Source : Jeune Afrique