Il devient l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique. Jean-Marie Bockel, qui en 2008 avait critiqué la « Françafrique », est désormais chargé d’expliquer la nouvelle stratégie de la France : réduire la présence militaire sur le continent.
Le désengagement militaire de la France en Afrique est à l’œuvre depuis 2017. Mais les coups d’états successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger accélèrent ce tempo. L’armée française est expulsée sans ménagement, ultime humiliation après dix ans d’investissements dans la lutte contre les jihadistes. Il est temps d’accorder les actes aux discours. À l’occasion d’une tournée sur le continent, en février dernier, Emmanuel Macron annonce la réduction des effectifs militaires. En décembre, un conseil de défense acte les contours de cette réorganisation que Jean-Marie Bockel sera donc chargé de détailler avec les pays concernés.
Si Jean-Marie Bockel a été choisi, c’est aussi pour une question de symbole. En 2008, il avait dû quitter son portefeuille de ministre de la « coopération » pour avoir critiqué la Françafrique, qu’il décrivait comme un système de corruption et de chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies. Son fils Pierre, a servi au Mali où il a perdu la vie dans la collision de deux hélicoptères en 2019.
Les pays concernés par cette réorganisation sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Tchad. Ce sont les quatre pays qui accueillent des bases militaires françaises.
Djibouti, tourné vers l’océan Indien, est épargné. Jean-Marie Bockel devra discuter au cas par cas. En échange de programmes de formation, la France va tout de même garder des bases logistiques d’où elle pourrait se déployer si besoin. Au Sénégal, où sont encore positionnés 350 hommes, la présidentielle vient d’être repoussée dans la confusion, ce qui ne va pas rendre les discussions faciles.
Au Tchad, il y a encore un millier d’hommes. N’Djamena accueille le commandement des forces françaises au Sahel, mais cette mission n’a plus lieu d’être. Des discussions sont déjà en cours avec le président de transition Déby Itno qui protège ses arrières en se rapprochant lui aussi de la Russie. Jean-Marie Bockel devra rendre ses recommandations en juillet.