Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a formellement accusé les forces armées soudanaises et leurs rivaux de crimes de guerre au Darfour, en évoquant le conflit actuel qui a plongé le Soudan dans le chaos depuis avril dernier.
Le Darfour, déjà éprouvé par des atrocités depuis le début du conflit armé en 2003, reste le point focal des violences actuelles. Les groupes ethniques non-arabes endurent des actes exactions et de violences perpétrées par des troupes paramilitaires et des milices arabes alliées.
Le procureur, qui s’est rendu récemment au Tchad voisin pour rencontrer des réfugiés du Darfour, a averti sur le risque que « l’atrocité soit oubliée ». Il a partagé les inquiétudes des personnes rencontrées dans les camps de réfugiés qui craignent d’être ignorées par la communauté internationale et la CPI.
« À entendre les récits, toute la communauté a été déracinée et ciblée pendant de nombreuses années et ils s’inquiètent vraiment du fait que le monde ne réagit pas face à leurs souffrances. Ils pensaient qu’ils étaient trop invisibles, trop insignifiants et trop pauvres pour constituer un véritable sujet de préoccupation pour la CPI et la communauté internationale », a déclaré le procureur.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait déféré la situation au Darfour à la CPI en 2005, et le procureur Khan a souligné que la Cour a toujours le mandat d’enquêter sur les crimes commis dans cette région.
« Sur la base du travail de mon bureau, je constate et j’évalue clairement qu’il y a des raisons de croire que des crimes relevant du Statut de Rome sont actuellement commis au Darfour par les forces armées soudanaises, les forces de soutien rapide et les groupes affiliés », a-t-il ajouté.
Les combats au Soudan ont déjà entraîné le déplacement de plus de 7 millions de personnes et causé la mort de 12 000 individus, selon l’ONU. Bien que des groupes de médecins locaux et des activistes estiment que le nombre réel de morts est bien plus élevé.