Ce lundi marque le début d’un procès inédit au Tribunal judiciaire de Paris, mettant en cause Pascaline Bongo, fille du défunt président gabonais Omar Bongo et sœur de l’ex-chef de l’État Ali Bongo, renversé par un coup d’État en août.
L’accusation porte sur des faits de corruption passive d’agent public étranger, concernant son intervention présumée, moyennant finances, pour favoriser l’obtention d’un marché public au Gabon par une société française.
Habituellement discrète, Pascaline Bongo se retrouve ainsi sous le feu des projecteurs alors qu’elle comparaît devant la justice. Les allégations portent sur un prétendu « partenariat fictif » avec la société française Egis et sa filiale Route.
Son rôle aurait été d’aider cette entreprise à participer à la création de l’Agence nationale des grands travaux du Gabon, supervisée par son frère Ali Bongo et responsable de projets d’infrastructures de grande envergure.
En échange de son soutien, la fille d’Omar Bongo aurait reçu la somme de 8 millions d’euros. Parmi les coaccusés figurent deux anciens cadres d’Egis Route ainsi que le directeur commercial actuel. L’avocate de Pascaline Bongo, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, se dit « très sereine » et qualifie l’affaire de « non-sens juridique ».
Elle soulève des questions de prescription, de compétence et de qualification des faits, dénonçant une hâte injustifiée à amener une personnalité connue devant la barre.
« Elle n’a pas peur de faire face à la justice française. Elle veut montrer qu’elle n’a rien à se reprocher. Elle ressent ça un peu comme une volonté de la poursuivre à tout prix, pour ce qu’elle représente « , confie Me Dreyfus-Schmidt.
Transparency International, en tant qu’observateur, considère ce procès comme crucial, soulignant la position élevée de Pascaline Bongo dans la hiérarchie du clan familial. « C’est important pour nous de suivre les débats, pour comprendre davantage ce qui est reproché. On parle de Pascaline Bongo, quelqu’un de haut placé dans le clan Bongo. Les débats vont être extrêmement intéressants pour comprendre également le contexte de corruption suspecté, reproché et poursuivi dans de nombreux dossiers, en France notamment « , a déclaré Sara Brimbeuf, la responsable du pôle flux financier illicite de l’ONG anti-corruption.