Leader religieux influent au Mali, l’Imam Mahmoud Dicko, par ses prises de position critiques envers la junte au pouvoir, semble avoir éveillé des sentiments mitigés chez le président Assimi Goita et son gouvernement.
Les relations entre l’homme de foi et les autorités militaires de Bamako ont pris une tournure délicate, marquée par des épisodes de défiance et de tensions palpables.
Le ton critique de l’Imam Dicko envers la junte est notoire. Ses reproches, souvent acerbes, ont été accentués lors de meetings publics, où il dénonçait le pouvoir militaire de « bâillonner » le peuple malien. Il s’est également opposé au nouveau projet constitutionnel, le qualifiant de menace pour l’islam en raison du principe de laïcité qu’il contient.
L’annonce du report de l’élection présidentielle a suscité une réaction forte de la part de ses partisans, qui ont appelé à une manifestation contre la junte pour installer une Transition civile. Bien que la marche ait été annulée après des démarches de médiation, la défiance persistante de l’Imam envers la junte a exacerbé les tensions.
La récente visite de l’Imam Dicko en Algérie, où il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, a également agacé les autorités maliennes. Bien que son nom n’ait pas été mentionné clairement, le gouvernement s’est plaint auprès de l’ambassadeur algérien des rencontres entre les responsables algériens et des personnes « connues pour leur hostilité » envers la Transition malienne.
Dans une vidéo enregistrée depuis Alger, l’Imam Dicko a déclaré que la junte parlait de personnes « hostiles à la Transition », soulignant que celle-ci n’est pas éternelle. Il a nié avoir rencontré le chef de la rébellion à Alger et a révélé que l’Algérie avait invité toutes les parties prenantes de la crise malienne pour dialoguer, mais certains ont refusé lorsqu’ils ont appris sa venue.
Malgré ses critiques récurrentes, l’Imam Dicko n’a jamais été arrêté par la junte, contrairement à d’autres personnes critiques à l’endroit du pouvoir. Sa seule sanction semble être le retrait de son passeport diplomatique.
La question qui se pose est de savoir si Assimi Goita craint réellement l’influence de l’Imam ou s’il ressent plutôt du mépris envers lui. Une déclaration de l’Imam indique que le président de la Transition aurait refusé de le recevoir après son retour de La Mecque pour lui présenter un trophée.
Les relations entre Assimi Goita et Mahmoud Dicko sont marquées par une complexité notable qui se caractérise par des réserves mutuelles, des divergences d’opinions, et peut-être même un certain mépris. Cette dynamique rend l’Imam Mahmoud Dicko une figure incontournable pour le pouvoir malien, qui ne peut rester indifférent à son influence.