Les insurgés armés touaregs contraints par l’armée malienne et les supplétifs du groupe Wagner à quitter Kidal pour se mettre à l’abri en Algérie, en Libye ou en Mauritanie prépareraient la reconquête de Kidal avec un arsenal de guerre plus sophistiqué.
Après avoir abandonné, sans combattre ou presque, la ville de Kidal aux mains des Forces armées maliennes (Fama) aidées par les mercenaires du groupe russe Wagner, les dirigeants rebelles touaregs ont tous — ou pour ce qui en reste, trouvé refuge en grande partie en Algérie. Selon plusieurs experts, le choix porté sur ce pays voisin qui partage plus de 1000 km de frontière est stratégique :
« En laissant les groupes touaregs traverser la frontière, l’Algérie désapprouve l’implication des mercenaires russes de Wagner ». « Le gouvernement algérien ne voit donc pas d’un bon œil la présence dans la région d’une force étrangère », nous explique un expert en géostratégie.
Resté figé dans un mutisme diplomatique inquiétant, le gouvernement algérien a fini par s’exprimer le 14 décembre, soit un mois après la reprise de Kidal, face à l’insécurité et à l’afflux de réfugiés sur son territoire. Le pays accueille, depuis 2011, à peu près 200.000 réfugiés issus des pays voisins du Sahel.
Mais l’Algérie, qui a parrainé l’accord de paix 2015 entre les mouvements armés touaregs et le gouvernement de Bamako, ne souhaitait intervenir que si les parties le demandent et uniquement si des troubles interviennent à sa frontière sud. Car de nombreux Algériens sont convaincus « qu’il y a des organisations terroristes maliennes qui sont dirigées par des fuyards algériens », martèle un fin connaisseur de la politique algérienne.
Celui-ci ajoute que « dans le voisinage immédiat, les Algériens ne regardent plus les agissements des acteurs locaux avec des pistes de solution qui leur permettent de maintenir une certaine stabilité pour s’assurer comment éviter les chocs trop forts. »
En d’autres termes, les opérations de l’armée malienne, appuyée par les supplétifs russes de Wagner, sont très mal perçues par Alger qui défend une approche régionale qui prend en compte ses intérêts.
Bamoko accuse Alger d’héberger les rebelles
Dans cette quête de stabilité régionale, les autorités algériennes ont organisé des réunions avec des séparatistes touaregs sans associer les autorités maliennes. Un acte qui n’a pas plu à Bamako qui a convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour des « actes inamicaux » et « une ingérence » d’Alger dans « les affaires intérieures » du Mali, selon la diplomatie malienne.
Cette convocation est également consécutive à la réception à Alger par le Président Abdelmadjid Tebboune d’une importante figure religieuse et politique malienne, l’imam Mahmoud Dicko, l’un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte au pouvoir depuis août 2020.
Dans la foulée, l’ambassadeur du Mali en Algérie a été également rappelé pour consultation à Bamako par « principe de réciprocité », alors que la tension s’est accrue cette semaine entre les deux pays.
La riposte touareg s’organise
Toutefois, si l’on n’ignore la capacité de nuisance des insurgés touaregs qui sont arrivés en Algérie avec leur arsenal et dont les agissements sont scrutés à la loupe par les plus hautes autorités algériennes, l’autre aile dure de la rébellion touareg qui a regagné la Libye se préparerait à lancer des opérations armées dans le septentrion malien. Les combattants touaregs se seraient dotés de nouveaux drones de repérages munis de caméras infrarouges.
Joint à Nouakhott, un des responsables de la cellule de communication des insurgés rebelles assure que les hostilités devraient commencer début 2024.