Frontières Guinée-Sierra Leone : immersion dans les tracasseries policières à Pamelap 

Le principe de la libre circulation des citoyens dans l’espace Ouest africain peine à être véritablement effectif. Aux différentes frontières des pays membres de la CEDEAO, les passagers souffrent de tracasseries policières. C’est le cas à Pamelap, une localité qui sépare la Guinée de la Sierra Leone. Les points de contrôle sont nombreux de tous les deux côtés et la traversée de chacun est conditionnée. Être avec sa carte d’identité nationale ou son passeport du territoire de départ n’évite pas au détenteur l’obligation de payer avant de pouvoir continuer sa route.

À Pamelap, un même bâtiment sert de poste de contrôle frontalier entre la Guinée et la Sierra Leone. À l’intérieur, la police, la douane, le service d’immigration et l’interpool de chacun des deux pays. Tout passager est enregistré à ces différents points de contrôle avant qu’il ne continue son trajet. 5 000 francs guinéens, c’est le prix pour chaque enregistrement du côté guinéen. De l’autre, c’est-à-dire en territoire sierra leoneais, avec la forte dépréciation que connaît la monnaie nationale, le tarif est de 10 000 leones.

Des deux côtés de la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone via Pamelap, le véritable casse-tête commence à quelques mètres du bâtiment qui sert de poste de contrôle commun aux agents des forces de sécurité et de défense des deux pays. Sur chacune de ces deux courtes distances, des barrages sont installés. Ils sont une sorte d’avant-goût du calvaire de la traversée pour les passagers.

L’autre casse-tête à Pamelap, c’est quand il s’agit de traverser la frontière avec un véhicule particulier d’immatriculation du pays de départ. Si par exemple c’est de la Guinée vers la Sierra Leone, en plus d’être muni d’un laissez-passer délivré par l’ambassade sierra-lionaise en Guinée et de l’assurance CEDEAO, il faudra acheter une autorisation de circulation. Celle-ci coûte 500 000 leones. À cela s’ajoutent les 10 000 leones à payer pour la traversée de chacun des barrages installés le long de la route Pamelap-Freetown.

Lorsque c’est de la Sierra Leone à la Guinée, il faudra aussi être muni d’un laissez-passer de l’ambassade de Guinée à Freetown et de l’assurance CEDEAO. Deux documents qui coûtent respectivement 200 000 et 500 000 francs guinéens. En plus, la carte grise est consignée à la douane guinéenne et un autre papier délivré en remplacement. Ledit papier s’obtient à 150 000 francs guinéens et sa validité est de trois mois. La vraie carte grise n’est récupérée par l’auteur que quand celui-ci reviendra à Pamelap avec la même voiture à destination du territoire sierra-leonais.

La consignation des cartes grises des véhicules étrangers entrant en Guinée est en vigueur depuis avril 2022. C’est une décision du ministère guinéen du Budget et de la direction nationale de la douane. L’objectif est d’éviter que ces véhicules soient revendus en Guinée alors qu’ils n’ont pas été dédouanés aux frontières par lesquelles ils sont entrés dans le pays. C’est aussi pour faciliter leur repérage dans la circulation au cas où ils ne seront pas retournés aux pays de départ après l’expiration du document qui leur sert de carte grise.

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