L’accès aux réseaux sociaux reste bloqué en Guinée. Cette mesure, dont la raison officielle n’a toujours pas été donnée, est en vigueur depuis la soirée du vendredi 24 novembre 2023. Ce jour-là, Facebook, Messenger, WhatsApp… sont tout à coup devenus inaccessibles à Conakry.
Juste après le blocage de l’accès à ces réseaux sociaux, les internautes pensaient être confrontés à problème technique au niveau des opérateurs de téléphonie. Mais un peu plus tard, ils ont compris qu’il s’agissait d’une restriction. Jusqu’à une semaine, elle s’appliquait seulement dans la ville de Conakry. Mais dans les jours qui ont suivi, elle a été élargie au reste du pays. De son instauration par les autorités de la transition à ce lundi, un mois et un jour se sont écoulés. Mais les Guinéens ne savent toujours pas jusqu’à quand ils vont devoir tenir tête aux conséquences.
Malgré la restriction en cours, la plupart des internautes continuent à avoir accès aux réseaux sociaux, Facebook principalement. Ils parviennent à la contourner à l’aide des applications VPN qu’ils ont sur leurs téléphones. Le 22 décembre dernier, soit le quatrième vendredi consécutif depuis que les Guinéens sont privés de libre accès à l’Internet, la mesure avait été levée, mais pour une très courte durée.
Par le passé, surtout sous le règne de l’ex-président déchu Alpha Condé, la Guinée a connu des coupures d’Internet. Mais d’une durée d’un mois, c’est une première dans le pays depuis plusieurs années. Les dirigeants actuels n’ont toujours pas donné les raisons officielles de leur blocage des réseaux sociaux. Mais tout porte à croire que c’est en réplique aux appels « à la haine et à la violence ». Le porte-parole du gouvernement de la transition, Ousmane Gaoual Diallo, a même écrit sur son compte X que l’État ne resterait pas « spectateur » des agissements qui, selon lui, mettent en mal la cohésion sociale.
La restriction des libertés que vit actuellement la Guinée ne concerne pas seulement les réseaux sociaux. La presse en subit aussi les conséquences. Quatre groupes de médias sont toujours brouillés et leurs signaux décrochés des bouquets Canal + et Startimes. Il s’agit d’Espace, de Djoma, de FIM et d’Evasion. Mais pour cet autre cas, les raisons officielles sont connues. Selon la Haute Autorité de la Communication, c’est pour des « impératifs de sécurité nationale ».
Les associations de presse avaient, à un moment, décidé de hausser le ton par des journées sans presse. L’initiative avait été prise avec le SPPG (Syndicat des professionnels de la presse de Guinée). Mais à la dernière minute, lesdites associations avaient fait volte-face, prétextant qu’elles préféraient dialoguer avec les autorités pour une issue pacifique que d’employer la pression. Le SPPG avait, lui, maintenu l’appel à la Journée sans presse. Mais avec la désolidarisation des patrons de médias, la consigne avait été boycottée dans la plupart des radios et télés privées du pays. Se sentant trahi et abandonné, le SPPG a alors opté pour l’inaction jusqu’à nouvel ordre.