Ce n’est pas par aisance économique que la Sierra Leone a fait un important don de carburant à son voisin, la Guinée, qui est durement frappée à cause de l’incendie survenu à son stock d’hydrocarbures en début de semaine. Son geste est plutôt par humanisme. La quantité offerte est de 5000 tonnes. Les camions citernes partis de Conakry pour Freetown font le plein et reprendront le chemin de retour dans les heures à venir.
Economiquement, la Sierra Leone est actuellement parmi les pays africains les plus en mal. Un calvaire auquel elle est confrontée depuis près de trois ans. Sa monnaie s’est fortement dépréciée, comme au Zimbabwé autrefois, les prix des produits pétroliers et ceux des denrées sont devenus insupportables. Le litre d’essence ou de gasoil est à 30.000 leones dans les stations-service, le sac de riz à 1 million et le bidon d’huile rouge à 600.000. En ce qui concerne la monnaie nationale, 5000 leones ne valent plus que moins de 1500 francs guinéens. Pourtant, il y a quelques années, le même montant en leones se monnayait jusqu’à 7000 francs guinéens.
Avant la tentative de putsch du 26 novembre dernier, le gouvernement s’apprêtait à augmenter de nouveau le prix des produits pétroliers à la pompe. Il avait déjà prévenu de cette décision. Mais l’attaque contre le camp militaire de Wilberforce à Freetown a fait reporter la mise en œuvre. Elle avait occupé toute l’attention des autorités. Ce qui est toujours le cas. Les enquêtes continuent et plusieurs arrestations ont été opérées. Un ancien président du pays est même soupçonné de complicité dans ladite attaque. Il s’agit d’Ernest Bai Koroma. Il a déjà été interrogé par la police et se trouve actuellement en résidence surveillée.
Les 5000 tonnes de carburant que la Sierra Leone a offertes à la Guinée sont tirées de la réserve en hydrocarbures du pays. Leur pompage dans les camions citernes spécialement affrétés par le gouvernement guinéen pour leur acheminement à Conakry, se fait depuis vendredi et se poursuit ce samedi. Une générosité d’une telle envergure, c’est une première pour la Sierra Leone vis-à-vis de la Guinée. Mais elle ne semble pas trop surprenante. Elle est plutôt perçue comme une reconnaissance méritée pour le pays bénéficiaire. Ce qui renvoie à la guerre civile de la décennie 1992-2002 en Sierra Leone. Un conflit auquel la Guinée avait participé militairement pour aider au retour à la stabilité chez son voisin sierra-léonais. Donc, pour la Sierra Leone, malgré ses difficultés économiques, il n’était pas question de ne rien faire pour la Guinée à moment où celle-ci a plus que jamais besoin d’aide.