A la veille de la fin de la COP28, le secrétaire général de l’Onu a appelé les pays réunis à Dubaï à lever « les blocages tactiques inutiles » dans la dernière ligne droite des négociations, alors que l’Arabie saoudite semble de plus en plus isolée et que la Chine apparaît comme la clé de voûte d’un éventuel accord sur les énergies fossiles.
De la production de l’acier et du ciment à l’électricité qui alimente les foyers : le pétrole, le charbon et le gaz continuent de répondre à plus de 80% des besoins énergétiques de la planète.
L’utilisation des combustibles fossiles est à l’origine de 75% des émissions de gaz à effet de serre qui augmentent les températures moyennes mondiales et contribuent à l’apparition de phénomènes météorologiques extrêmes sur l’ensemble du globe terrestre.
Les scientifiques estiment que pour respecter l’ambition de l’accord de Paris et limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius, les pays doivent réduire leurs émissions de 43% d’ici à 2030 et passer à des sources d’énergie renouvelables pour éliminer progressivement les combustibles fossiles.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la voie menant à une consommation nette nulle d’ici à 2050 est étroite mais reste réalisable, à condition que les Etats prennent des mesures immédiates pour déployer les technologies propres et efficaces disponibles.
L’AIE prévoit également un rôle potentiel pour des technologies telles que le captage et le stockage du carbone et l’hydrogène vert à un horizon plus lointain.
Une étude réalisée en 2023 sur 63 des plus grandes économies du monde, collectivement responsables de 90% des émissions mondiales, a montré qu’aucune d’entre elles ne faisait suffisamment d’efforts pour éviter les pires conséquences du changement climatique.
« Il est temps de rechercher des compromis pour trouver des solutions, sans faire de compromis sur la science ou sur la nécessité d’avoir les plus grandes ambitions », a déclaré le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres.
Un récent bilan des Nations unies sur les plans nationaux de lutte contre le changement climatique a également révélé que les Etats sont « considérablement en retard » par rapport à leurs engagements de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius.
Plus de financements
Mais les chercheurs et les militants affirment que les financements doivent non seulement augmenter, mais aussi être répartis plus équitablement. Ainsi, les pays riches doivent agir en premier et le plus rapidement possible. Mais dans ces pays, le principal obstacle à des progrès rapides est la volonté politique de s’opposer à l’industrie des combustibles fossiles.
Si les dirigeants s’engageaient à Dubaï, cette semaine, à une élimination progressive dans le texte final de la COP28, cela signifierait que les gouvernements seraient en mesure d’interdire l’octroi de nouvelles licences d’exploitation de combustibles fossiles.
L’Union européenne a jugé « insuffisant » le projet d’accord présenté par la présidence émiratie de la COP28, appelant, comme les Etats-Unis, à une ambition plus grande pour sortir des énergies fossiles. Washington a que le texte devait être « substantiellement renforcé », en particulier sur la « question des énergies fossiles ».
Le texte appelle notamment à la « réduction à la fois de la consommation et de la production des énergies fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre zéro net (neutralité carbone, NDLR) d’ici, avant ou autour de 2050, comme préconisé par la science ».
Mais il ne mentionne plus le mot de « sortie » des énergies fossiles, ce qui était une ligne rouge pour de nombreux pays et observateurs présents aux négociations de Dubaï.
Sur le charbon, le texte appelle à « réduire rapidement le charbon sans captage de carbone » ainsi qu’à des « limites sur les permis accordés pour de nouvelles centrales au charbon » sans captage de carbone (unabated).
Le projet mentionne également le nucléaire et les technologies de captage et de stockage du carbone, exigées par les pays producteurs de pétrole et de gaz pour continuer à pomper des hydrocarbures, mais balbutiantes, « afin d’améliorer les efforts pour substituer les énergies fossiles sans captage (unabated) dans les systèmes énergétiques ».