Ce mercredi 22 Novembre 2023 rappelle un passé sombre et triste de la Guinée. Il s’agit de l’invasion portugaise sur Conakry dans la nuit de la même date en 1970 et des exécutions en masse qui avaient suivi. Les personnes arrêtées et pendues étaient des guinéens presumés complices des envahisseurs. 53 ans après, les faits, surtout le cas des tueries qui avaient été opérées par le régime d’alors dans plusieurs préfectures du pays, restent effrayants à entendre.
L’interlocuteur a préféré garder l’anonymat. Un choix qu’il justifie par la vulnérabilité des guinéens à la guéguerre ethnique. D’après son récit, l’agression portugaise contre Conakry est la conséquence d’une complicité de la Guinée dans un enelev opéré en Guinée Bissau.
« Le fils du maire de Lisbonne était allé passer quelques jours de vacances dans une ville de la Guinée Bissau qu’on appelle Bafata. Le PAIGC était à l’époque une faction armée qui se battait pour libérer la Guinée Bissau de la colonisation portugaise. Quand ses éléments ont appris que le fils du maire de Lisbonne était dans un hôtel de la ville de la, ils ont attaqué l’endroit et pris le jeune en otage. Ils l’ont ensuite acheminé à Conakry où ils l’ont fait enfermer au camp Boiro. Quand le maire de Lisbonne s’est informé que son fils était détenu à Conakry, il a engagé des mercenaires pour aller le faire libérer. Dans la nuit du 22 Novembre 1990, les mercenaires attaquent Conakry et parviennent à exfiltrer le fils du maire. Ils avaient aidé de l’Interne par des opposants à Sékou Touré. Ceux-ci espéraient profiter de l’invasion pour renverser Sékou Touré. Mais les mercenaires portugais étaient repartis aussitôt qu’ils avaient récupéré celui qu’ils étaient venus chercher », relate l’historien.
La présumée complicité impliquant des guinéens dans l’invasion portugaise sur Conakry, avait connu des représailles sanglantes. « Ça a été une véritable barbarie. Plusieurs personnalités dont certaines des opposants et d’autres des membres du gouvernement ont été arrêtées et pendues partout dans le pays. A Conakry, c’est au pont « 8 novembre » que les pendaisons ont été faites. A Labé, c’est au terrain de football qui est l’actuel stade régional « Saifoulaye Diallo ». Dans chaque préfecture, des gens ont été pendus et laissés à des places publiques. On s’est réveillé le matin du 22 Novembre et on a vu des personnes pendues un peu partout. C’était de la barbarie totale », ajoute l’interlocuteur anonyme.
C’est dans cette vague de pendaisons effectuées simultanément dans la plupart des préfectures de la Guinée, que Barry Diawadou qui demeure une figure très connue des guinéens de par sa lutte pour l’indépendance et la démocratie également, avait été tué. Il faisait partie des opposants que le régime d’alors avait qualifié de complices des mercenaires portugais.