La récente conférence politique organisée par Ousmane Sonko, Premier ministre et président de Pastef, a suscité de vives réactions dans la classe politique sénégalaise. Figure controversée, Sonko a livré un discours empreint de fermeté, abordant des sujets allant de la gouvernance aux relations internationales, tout en s’attirant des critiques acerbes de ses adversaires politiques.
Retard dans la Gouvernance
Thierno Bocoum, leader du mouvement AGIR, n’a pas mâché ses mots en critiquant le retard de Sonko dans la présentation du plan d’action gouvernemental, promis depuis avril 2024. Pour Bocoum, Sonko semble plus préoccupé par la politique politicienne que par la mise en œuvre des réformes nécessaires. Il dénonce également l’ingérence de Sonko dans le système judiciaire et ses attaques contre les magistrats et la presse. Bocoum conclut en accusant Sonko de vouloir gouverner et s’opposer simultanément, ce qui, selon lui, nuit à l’efficacité gouvernementale.
Réactions des acteurs politiques et civils
Birahim Seck, coordonnateur du Forum civil, a également réagi à la sortie musclée de Sonko, en particulier ses menaces à l’encontre des journalistes. Seck rappelle à Sonko que son rôle est désormais d’apporter des solutions durables pour renforcer et consolider la presse, et non de la menacer. Il insiste sur la nécessité de réponses rassurantes et démocratiques de la part du Premier ministre, désormais au pouvoir.
Anta Babacar Ngom, candidate malheureuse à la dernière présidentielle, a exprimé sa déception face au discours de Sonko, soulignant que les Sénégalais attendent des actions concrètes plutôt que des discours populistes. Elle exhorte Sonko à se concentrer sur la mise en œuvre de projets tangibles pour le développement du pays.
Bougane Gueye Dany, leader de « Gueum Sa Bok », a rappelé à Sonko les attentes pressantes des Sénégalais, telles que la baisse des prix des denrées et la création d’emplois. Il critique les menaces de Sonko envers les journalistes, précisant que la presse a joué un rôle crucial dans sa lutte contre Macky Sall en 2021.
Liberté de Presse et d’expression
Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (SYNPICS), par la voix de Maguette Ndong, a également réagi aux propos de Sonko, soulignant l’importance de respecter la liberté de la presse. Ndong rappelle que Sonko, autrefois défenseur de cette liberté, semble avoir changé de position une fois au pouvoir. Le syndicat appelle à une révision de cette posture pour éviter les harcèlements fiscaux et les menaces contre les journalistes.
Appel à l’action internationale
Lors de la conférence, Sonko a également lancé un appel au président Bassirou Diomaye Faye pour engager des poursuites contre Israël pour crimes contre l’humanité, en solidarité avec le peuple palestinien. Cette prise de position a été marquée par une minute de prière pour les Palestiniens, confirmant l’engagement de Sonko sur la scène internationale.
La conférence d’Ousmane Sonko a dévoilé des tensions sous-jacentes au sein de la classe politique sénégalaise et a mis en lumière les défis auxquels il fait face en tant que Premier ministre. Entre critiques de sa gestion et appels à des actions concrètes, Sonko devra naviguer avec précaution pour répondre aux attentes des Sénégalais tout en gérant les controverses qui l’entourent. Les réactions variées des acteurs politiques et civils montrent la complexité de sa position actuelle et la nécessité d’un équilibre entre gouvernance et engagement politique.