Instrumentalisation, deux poids deux mesures, l’appareil judiciaire sénégalais souffre de plusieurs maux. Les nouvelles autorités veulent réconcilier la justice et le peuple pour lequel cette justice est rendue. Un dialogue national est ouvert pour « réformer et moderniser la Justice ». Une initiative largement appréciée par les citoyens sénégalais.
« La justice sénégalaise a toujours fait l’objet de divergences d’opinions et d’appréciations en tout cas depuis que j’ai commencé à comprendre son fonctionnement. Raison pour laquelle elle fait face à de nombreux défis ». Affirme Ibrahima Lo.
La judiciarisation du débat politique nourrie par une série d’affaires impliquant des responsables politiques a semble-t-il fait que beaucoup de sénégalais n’avaient plus confiance à cette dernière, allant jusqu’à la pointer du doigt.
Selon Pape Abdoulaye Touré, ancien détenu « politique » du régime sortant, le Sénégal avait une « justice couchée, piétinée, violée, dépendante et qui agissait sous les ordres du corps hiérarchique du ministère public. Il faut que l’on redéfinisse le statut de procureur de la République. Au Sénégal, nous avons un nombre de 548 magistrats pour 18 millions d’habitants, ceci n’est pas normal ».
Abondant dans le même sens, ce communiquant affirme que la justice sénégalaise « est souvent marquée par la politisation de ses postes, le non-respect des droits fondamentaux et l’impunité. Elle a aussi tendance à être souvent au centre des jeux politiques et des politiques politiciennes ».
Il ne s’arrête pas là, il ajoute que « dans son mode de fonctionnement, le troisième pouvoir est perçu par certains acteurs, comme nous tous d’ailleurs, comme étant gangrené par la corruption ».
Les citoyens sénégalais dans leur grande majorité magnifient le dialogue initié par le nouveau président de la République.
« J’ai eu à vivre des moments très difficiles avec la justice sénégalaise. Donc cette initiative est à encourager », lâche l’ancien détenu Pape Abdoulaye Touré. Selon lui des réformes devraient être effectuées.
« Nous espérons, en tout cas, qu’au sortir de ce dialogue initié par le nouveau régime, nous aurons une justice beaucoup plus indépendante et libre. Parce qu’une justice solide et indépendante est aussi synonyme et garant de stabilité », soutient-il.
Des réformes afin d’améliorer la perception de l’impartialité et renforcer son indépendance.
Une justice fortement décriée par nombre de sénégalais. Un dialogue dans ce sens a été initié par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Une journée importante selon le journaliste Pape Alé Niang, ancien pensionnaire de la maison d’arrêt et de correction de Reubeuss par ailleurs nouveau directeur de la chaîne de télévision nationale.
« Après tous ce que nous avons vécu, ce premier acte posé est à saluer. On a entendu plusieurs réformes qui n’ont pas abouties. Aujourd’hui il urge que cette séquence de folie qu’on a vécue de 2021 à 2024 ne se reproduise plus et que l’on respecte les droits humains, que l’on respecte l’indépendance de la justice », a-t-il déclaré.
Pour Fatou Fall dit Falla Fleur, elle aussi, ancienne détenue politique, « c’est une chose d’initier un dialogue mais c’est une autre d’avoir la volonté d’appliquer ce qui s’en sort. Mais je pense que ce dialogue va aboutir ».
Très au fait du fonctionnement de la justice, le juriste Pape Moussa Sow souligne la nécessité de réformes très attendues par les justiciable.
« C’est une demande sociale de reformer la justice. Ce dialogue doit être une occasion pour la justice sénégalaise de redorer son blason. C’est le moment d’entrer en profondeur, regarder les textes qui font défaut et les moderniser. Et faciliter l’accès au système judiciaire. Que l’on traduise dans toutes les langues qui existent au Sénégal ce que le droit dit », confie-t-il.
Professionnels de la justice, représentants de l’Etat, organisations de la société civile et partis politiques se retrouvent ce mardi (28-05-2024) à Diamniadio (à une trentaine de km de la capitale) pour des assises. Les travaux devront durer une semaine avant la présentation du rapport , le 4 juin prochain au président Faye.
L’objectif : identifier les dysfonctionnements et faire des propositions d’amélioration.
Ndeye Mour Sembene