La brusque disparition du président iranien Ebrahim Raïssi est annoncée ce lundi (20.05.24) suite à un accident d’hélicoptère. Le décès inattendu de Raissi intervient au moment où le Niger et l’Iran auraient déjà signé un accord préliminaire autorisant Téhéran à acquérir de l’uranium nigérien.
« La mort d’Ibrahim Raissi n’aura pas de conséquences puisqu’il y a une continuité de l’Etat. Donc pas de conséquence sur les accords commerciaux et de coopération que le Niger a actuellement avec l’Iran », a estimé Dr Ahmed Diémé,. Celui-ci s’interroge si ces accords commerciaux portant sur la vente d’uranium ne risquent pas cependant de se heurter aux sanctions des États-Unis contre Téhéran.
« Le Niger pourrait avoir des difficultés pour vendre son Uranium puisque l’Iran est sous sanctions américaines. jusqu’à présent l’Agence internationale de l’Energie Atomique (AIEA) n’a pas fini ses inspections et son rapport final au sujet du développement et de l’enrichissement de l’uranium dans le cadre du programme nucléaire civil de l’Iran. Le dossier est toujours en discussion au niveau de l’AIEA. Pendant ce temps les sanctions américaines et européennes pèsent sur Téhéran », rappelle M. Diémé, spécialiste du Sahel.
Et alors que les relations entre Niamey et Téhéran sont surveillées comme du lait sur le feu par les capitales occidentales, l’analyste géopolitique estime que le Niger a tout à fait le droit de diversifier son partenariat avec qui il veut.
Le seul souci, selon M. Diémé, c’est de le faire dans une sorte d’alignement géostratégique en faveur de tels ou tels autres camps qui sont opposés et surtout de paraître comme un pays aligné.
Le Niger s’est engagé dans une dynamique de rupture avec les occidentaux (France, États-Unis) pour se tourner vers la Russie et l’Iran.
Un rejet de l’Occident auquel profite la République islamique d’Iran qui est présente au Niger depuis très longtemps, même si cette présence était discrète à travers des ONG spécialisées dans le soutien aux organisations islamiques, selon le journaliste Seidik Abba.
Ce spécialiste des questions géostratégiques en Afrique estime que 70 % de l’électricité produite au Niger est importée du Nigeria et Niamey a désormais la volonté de réduire cette dépendance envers le géant ouest-africain. Les nouvelles autorités nigériennes ont mesuré les effets des sanctions de la Cédéao.
Il faut souligner que ce secteur est un peu vierge et que le domaine de l’import-export est aussi scruté par les entreprises iraniennes, soutient selon M. Abba.
Selon Africa Intelligence, la junte au pouvoir au Niger depuis le coup d’Etat de juillet 2023 s’est engagée dans des « négociations confidentielles » avec l’Iran « pour la livraison de 300 tonnes de yellow cake » (concentré d’uranium).
A.K. COULIBALY