Les chefs d’Etat, victimes de leur soif de pouvoir

Certains chefs d’Etat africains sont souvent mis au banc des accusés au sortir de leur mandat. Sur le continent, ces dirigeants s’agrippent au pouvoir jusqu’à subir le ras-le-bol de citoyens avec une gestion des affaires publiques peu transparentes, augurant ainsi des coups d’Etat ou des répressions sanglantes.

Récemment en Afrique de l’Ouest, des coups d’Etats militaires ont jailli conduisant ces pays à des régimes de transition. C’est le cas du Mali, de la Guinée, du Niger et du Burkina Faso.

Ailleurs, ce sont des répressions policières, exactions ou meurtres commis sur des populations tuées, emprisonnées face à leurs droits de manifester.

Les esprits sont encore présents pour le Sénégal qui a fait face à une situation de répressions répétitives entre 2021 et 2024.

En effet, un bras de fer entre l’ancien président Macky Sall et son farouche opposant Ousmane Sonko (actuel Premier ministre) avait fini d’installer des moments d’incertitude dans un pays où la vitalité démocratique est reconnue et si bien appréciée par les pays africains et dans le monde.

Aujourd’hui, 112 suspects dont Macky Sall , son épouse, son fils et plusieurs membres de l’ancien régime sont visés pour crimes contre l’humanité. D’ailleurs, le représentant du haut commissariat des Nations Unies pour l’Afrique avait, lors des récentes répressions en Juin 2023 effectué le déplacement pour s’entretenir avec le Ministre des Affaires étrangères d’alors Me Aissata Tall Sall.

L’on dénombre près de 60 morts depuis les évènements de Mars 2021 consécutifs à l’accusation de l’opposant Ousmane Sonko pour une histoire de viol sur une masseuse d’un institut de beauté : l’affaire Sweet Beauty avait alors déclenché au Sénégal des épisodes de violences meurtrières jamais connues. Des alliés du gouvernement parlaient d’une affaire privée politisée par Ousmane Sonko. Son avocat suit toujours cette affaire. Me Juan Branco a suscité beaucoup d’attention en annonçant une plainte en France et une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le président Macky Sall pour « crimes contre l’humanité » en juin 2023.

Ailleurs, non loin du Sénégal, c’est l’ancien président mauritanien Mohmamed Ould Abdel Aziz qui est condamné à 5 ans de prison ferme en décembre 2023. Accusés de délits économiques, contenues dans un rapport d’une commission parlementaire rendue en juillet 2020, et notamment des faits de corruption. Cependant, il serait probable candidat à l’élection présidentielle du 29 mai prochain pour lequel il s’est déclaré hier mercredi (16 05 2024).

Au Soudan, Omar El Béchir a subi une condamnation de 02 ans en 2019, juste huit mois après sa chute. Son tort, avoir touché 90 millions de dollars de la part de l’Arabie saoudite, tout en niant s’être enrichi avec cet argent. Trois autres procédures sont à son cou notamment son coup d’État de 1989 (procès ouvert en juillet 2020), des crimes commis au Darfour, et le meurtre de manifestants lors de la révolte ayant conduit à sa chute. Sans oublier les deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour, mais que la transition soudanaise refuse pour le moment d’exécuter.

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A l’autre bout du continent, Jacob Zuma est associé à une longue liste de scandales financiers pendant que Charles Taylor purge une peine de cinquante ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité depuis 2012 par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone. Il est impliqué dans la guerre civile qui ravagea ce pays dans les années 1990. Il fut d’ailleurs le premier ancien chef d’État condamné par la justice internationale pour ce type de crimes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et le seul jusqu’au 30 mai 2016.

La liste n’est pas exhaustive mais il nous est impossible d’occulter le défunt Hissène Habré condamné en première instance par les Chambres Africaines extraordinaires, une juridiction administrative ad hoc créée par le Sénégal et l’Union Africaine pour juger l’ancien président tchadien.

Sa condamnation a perpétuité pour crimes contre l’humanité a été confirmée en appel assortie de 125 millions d’euros de dommage aux victimes.

S’y ajoute l’ivoirien Laurent Gbagbo finalement acquitté en 2019 après avoir fait l’objet de poursuites de la Cour Pénale Internationale (CPI) ou encore Blaise Compaoré l’ex président burkinabè qui a fait l’objet de deux procédures : une pour la répression des manifestations de 2014, l’autre pour son rôle présumé dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987.

Pendant ce temps, les plaidoiries pour le procès du 28 septembre 2009 suivent  leur cours actuellement. En cause, des militaires avaient ouvert le feu sur au moins 150 personnes, selon l’Onu, violées des femmes, etc .

Les familles des victimes réclament la perpétuité pour tous les accusés, en tête le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte d’alors. Dernièrement, Amnesty international a présenté un rapport portant sur les crimes et autres assassinats ciblés perpétrés sous l’ex président Alpha Condé. Celui-ci vit désormais en Turquie, suite un coup de force militaire qui a mis fin à son régime le 21 septembre 2021.

Macky Sall sera-t-il le prochain sur la liste ? C’est, dès lors, la question qui taraude les esprits, après tout le mal commis entre 2021 et 2024, selon plusieurs rapports d’organisation de défense des droits humains.

Si l’on se réfère à l’avocat franco- espagnol, Branco a rajouté sur la couche 710 éléments de preuves sélectionnées sur un total de 4500 documents, vidéos et témoignages d’après le quotidien sénégalais « l’indépendant ».

Il revient du coup à la charge avec quinze nouvelles constitutions de parties civiles de familles de  victimes.

Mystère et boule de gomme.

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