La fête du travail est une journée qui inspire aux travailleurs du monde entier des aspirations nouvelles dans leur secteur d’activité.
Revalorisation des conditions de travail, rémunérations salariales en conformité avec la charge du travail, sécurité sociale, assurances retraite, tels sont les multiples demandes et revendications d’acteurs regroupés dans des syndicats de travailleurs.
Généralement en Afrique et partout ailleurs, défilés et marchés rythment cette journée qui se termine par une remise de cahier de doléances des syndicalistes au président de la République. Ce pour une meilleure prise en charge de leurs droits de travailleurs.
En Afrique en tout cas, c’est la manière de célébrer la journée du 01 mai.
Des syndicats qui gravitent autour des secteurs clés dans le public comme dans le privé. C’est la santé, la presse, l’éducation, la justice, le transport entre autres.
Pour cette année en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, ancien premier ministre a invité les travailleurs à une lutte contre l’inflation et la précarisation des travailleurs non sans avoir appelé les ivoiriens à promouvoir les liens de solidarité.
Il a mis l’accent sur une priorisation de la précarité du secteur informel.
En effet, dans un message publié sur plusieurs canaux digitaux, l’ex premier ministre a parlé d’expropriations et des déguerpissements brutaux qui affectent non seulement les moyens de subsistance de ces derniers mais aussi leurs lieux de vie et de travail » sans oublier l’explosion du coût de la vie.
Coût de la vie du fait de l’inflation devenue insoutenable qui grève le pouvoir d’achat de nombreux travailleurs, rendant leur quotidien de plus en plus difficile.
L’inflation, le nœud du probléme un peu partout.
Au Sénégal, les principales doléances tournent autour de cette inflation occasionnant du coup une vie chère qui rythme le quotidien des populations.
Cependant cette année, l’avènement de Bassirou Diomaye Faye au pouvoir après l’élection du 24 mars dernier porte un brin d’espoir pour l’ensemble des syndicats de travailleurs.
Les mesures prises dès l’entame notamment dans le fonctionnement de l’administration sénégalaise semble apporter un semblant de renouveau dans la démarche jusque là adoptée par ses devanciers.
Dans une lettre adressée aux agents de l’Etat le 06 avril dernier, le président de la république exhortait ces derniers à l’adoption de principes de droiture, d’intégrité et de probité, gage d’une transparence et d’intégrité pour une bonne gouvernance.
La mise en place d’un système de pointage et de contrôle des horaires instauré lundi (29 04 2024) indique la politique hardie convoqué par le chef de l’Etat dans son allocution au lendemain de son investiture.
Objectif : contrôler la présence effective des travailleurs dans les entreprises publiques notamment les agents de l’Etat.
Une rupture dans le fonctionnement de l’administration, jugé depuis le temps laxiste, retardataire sur les besoins au quotidien des demandes de traitement de la population.
La presse, toujours parmi les principaux revendicateurs indique que peu d’avancées significatives ont été notées quant aux doléances de l’année dernière selon le secrétaire général du syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) section Sénégal.
Bamba Kassé affirme que sur 13 séries de doléances issues des organes de presse seules quelques unes ont été satisfaites. Il s’agit des doléances internes mettant en relief des travailleurs d’organes de presse et leurs directions.
L »une d’entre elles est relative à la convention collective. En effet, hormis les médias publics, certains travailleurs pour ne pas dire l’écrasante majorité de médias privés ne bénéficient pas de cette convention ce qui constitue une violation de la loi et du code du travail d’après Bamba Kassé.
Cependant, une seule avancée peut être notée : l’organisation des assises des médias avec l’apport de l’état qui était une doléance et qui s’est tenue pendant 08 mois mettant en exergue les réels maux de la presse dans son ensemble. Des assises dont les conclusions sont d’ailleurs en attente de restitution.
La place des femmes en évolution ?
Le sexisme ordinaire sur les postes de travail est bien une réalité en Afrique.
Au Sénégal comme en Côte d’ivoire, certaines professions renvoient automatiquement à des visages masculins.
Les femmes sont à cheval sur beaucoup de stéréotypes. C’est le cas dans le secteur du transport où on note de plus en plus un intérêt grandissant des femmes dans des postes de responsabilité.
En effet, la mise en circulation du Train Express Régional (TER) un transport de masse qui assure la liaison de Dakar à Diamniadio (département de Rufisque) en décembre 2021 avait vu la capacité de la gent féminine mise à rude épreuve.
Aminata Mansour Sene a été la première femme ayant piloté le train inaugurant le réseau avec l’ex président Macky Sall.
Conductrice de train, elle a fait partie d’une des 950 jeunes employés par la Société d’exploitation du Train Express Régional (Seter) pour l’exploitation du Ter.
Une manière de changer les mentalités ?
En Côte d’Ivoire, certaines militantes féministes regrettent la surreprésentation des hommes dans les instances dirigeantes des centrales syndicales.
Ce sont toujours les hommes qui expriment les doléances des travailleurs devant le gouvernement.
Selon Laure Nesmon, militante féministe, qui trouve dommage que les femmes n’occupent pas les premières places dans les partis politiques même si des sections féminines ont été créées en ce sens.
Elle déplore la question des droits des femmes qui est rarement mise en avant dans le speech des dirigeants syndicaux.
Pour elle, il est temps que la convention 190 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) soit ratifiée par son pays. Laquelle convention reconnaît « le droit de chacun à un monde du travail exempt de violence, de harcèlement y compris fondé sur le genre. »
Un plaidoyer fort mais aphone jusqu’à présent à chaque célébration de la fête du 1er mai.
Ndeye Aissatou Diouf