C’est un des enjeux économiques de ce XXIe siècle pour les pays du Sud qui veulent prendre en main leur destin monétaire mais…
L’État du Sénégal entend doter le pays d’une monnaie qui lui est propre au cas où l‘administration Faye ne réussirait pas à pas à impulser les réformes au sein de la Communauté économique des États d’’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Une « question extrêmement sensible” qui prendra du temps avant d’être concrétisée, selon le banquier Mouhamadou Madana Kane.
« Lorsqu’on regarde le Projet de PASTEF on se rend compte qu’en réalité, il n’y a pas une décision brute et abrupte de changer de monnaie”, constate-t-il d’emblée, soulignant que « Il y a au moins 7 ou 8 prérequis qui ont été mis en place dans le projet avant qu’on arrive au changement de monnaie ».
Selon le banquier, le changement de monnaie passe par une révision de nos positions d’échange et l’assainissement du cadre macroéconomique. À l’en croire, la concrétisation de tout cela demande au moins 5 ans.
« Donc, je pense que le changement de monnaie, tel que je l’ai lu et compris, n’est pas à l’ordre du jour, immédiat. C’est logique que cela ne soit pas un objectif immédiat. Mais dans l’entendement populaire, c’est quelque chose qui allait être fait immédiatement. Donc là, au moins… On sait que ça ne va pas être fait maintenant », soutient le candidat recalé à la Présidentielle sénégalaise.
Considéré comme un préalable à la souveraineté, la création d’une monnaie locale pourrait être exposée au risque d’inflation, selon M. Kane.
« Quand on observe les pays de la sous-région ou africains qui ont leur propre monnaie, on sait que ce sont des pays où les taux d’inflation ont explosé. On sait aussi que dans ces pays-là, les investisseurs étrangers qui sont venus, ont eu énormément de difficultés et de problèmes », a mis en garde le banquier.
Mais le régime du président Bassirou Diomaye Faye reste déterminé à rendre souverain le Sénégal en passant par une réforme monétaire, entre autres. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a notamment fait savoir que cette perspective s’inscrit dans une approche sous-régionale qui devrait permettre d’aboutir à une monnaie unique pour l’ensemble des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
« Si nous n’arrivons pas à impulser les réformes au niveau communautaire, nous prendrons la responsabilité de doter le Sénégal de sa propre monnaie », a dit Ousmane Sonko.
Il a également précisé que les dernières recommandations concernant ce point ont été prises en compte dans le programme mis à la disposition du public samedi 9 mars.