Comme à l’accoutumée, le président de la République du Sénégal s’adressera à la nation ce mardi 31 décembre à 20 heures. Bassirou Diomaye Faye prendra la parole dans un contexte national marqué par de fortes tensions sociales, politiques et économiques.
Sur le front social, l’année 2025 a été émaillée de grèves et de perturbations dans presque tous les secteurs. Le mouvement syndical est en ébullition. Le secteur public, le privé, le parapublic, mais aussi le secteur informel, notamment les marchands ambulants, ont multiplié les revendications, dressant un véritable chapelet de doléances à l’endroit des autorités.
Le climat politique n’est guère plus apaisé. Le président Diomaye Faye traverse une zone de turbulences au sein même de son camp. Il est désormais en déphasage avec son Premier ministre, Ousmane Sonko, avec qui il ne partage plus les mêmes orientations politiques. Une situation qui fragilise la cohésion du pouvoir au moment où un discours rassembleur est attendu.
Dans le même temps, l’opposition, regroupée au sein du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDDR), annonce la mise en place d’un plan d’action pour s’opposer à la politique du régime de Diomaye Faye, jugée incompatible avec les attentes des Sénégalais.
Sur le plan économique, le chef de l’État sera également attendu, notamment sur le blocage des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Autre secteur en souffrance : le BTP, à l’arrêt depuis l’avènement du nouveau régime. Les acteurs du bâtiment et des travaux publics suivront avec attention cette adresse, espérant des signaux clairs sur la relance de leurs activités.
L’enjeu principal de ce discours reste ainsi l’apaisement des tensions sociales et politiques, dans un contexte de défiance et de crispation généralisée.
Par ailleurs, l’année 2026 sera marquée par l’organisation, au Sénégal, des Jeux Olympiques de la Jeunesse. À ce titre, le président Diomaye Faye sera attendu sur plusieurs enjeux : la préparation optimale des athlètes sénégalais, la mobilisation de l’ensemble de la population pour une appropriation nationale de l’événement, ainsi que les retombées économiques de cette grande manifestation sportive internationale.
Malgré ces nombreux défis, l’adresse à la nation de cette année apparaît « faiblement promue et peu attendue ». Une situation qui s’explique, en partie, par l’isolement politique du chef de l’État, mais aussi par le contexte sportif, marqué par la Coupe d’Afrique des nations.
Un isolement politique en toile de fond ?
Les relations entre Bassirou Diomaye Faye et son parti, le Pastef, se sont nettement détériorées. Le président ne parle plus le même langage qu’Ousmane Sonko et la direction du parti. La reconfiguration de la coalition Diomaye Président, portée au pouvoir, en est une illustration. En confiant la direction de cette coalition à Aminata Touré, au détriment d’Aïda Mbodj, le chef de l’État a provoqué des remous.
Depuis, plusieurs ralliements ont été enregistrés et un siège mis en place, une dynamique qui n’a pas été du goût du Pastef. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, et le bureau politique du parti se sont désolidarisés et ont lancé l’APTE (Alliance Patriotique pour le Travail et l’Éthique).
Bassirou Diomaye Faye se retrouve ainsi pris entre le marteau de son propre camp politique et l’enclume des revendications sociales.
La CAN, un écran au discours présidentiel ?
La Coupe d’Afrique des nations occupe largement l’actualité. Au Sénégal, le football a souvent relégué la politique au second plan. En 2022, lors de la CAN au Cameroun, la campagne pour les élections locales se déroulait simultanément, poussant les acteurs politiques à suspendre meetings et caravanes durant les matchs de l’équipe nationale.
Aujourd’hui encore, l’effervescence autour de la CAN pourrait expliquer le faible engouement autour du discours de fin d’année, notamment chez les jeunes, davantage connectés à l’actualité sportive qu’au débat politique.
Alioune Sow







