Une entrepreneure marocaine poursuit depuis plusieurs années une procédure judiciaire au Sénégal contre l’ancien président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, pour des créances impayées liées à des commandes effectuées entre 2019 et 2021. Selon Enquête, l’affaire, jusque-là bloquée en raison de l’immunité liée à son statut de chef d’État, revient devant la justice après sa chute du pouvoir.
Un premier blocage juridique
En décembre 2024, le tribunal de commerce de Dakar avait rejeté sa demande de saisie conservatoire sur les biens et comptes d’Embaló, s’appuyant sur les textes de l’OHADA et les conventions internationales qui protègent les dirigeants en exercice contre les mesures d’exécution forcée. La juridiction rappelait alors que le président de Guinée-Bissau bénéficiait d’une immunité d’exécution.
Des commandes non réglées
Selon la plaignante, Embaló, alors candidat à la présidentielle, avait commandé à sa société divers produits destinés à sa campagne : T-shirts, impressions, matériel promotionnel ainsi que deux véhicules de luxe. Le montant total des créances impayées s’élèverait à 1,7 million de dollars, pour des livraisons effectuées sur la plateforme de l’Aéroport international Blaise-Diagne.
La gérante affirme également avoir poursuivi la collaboration avec Embaló après son élection, tout en déplorant des commandes additionnelles restées elles aussi impayées. Elle se présente comme son épouse, évoquant un mariage célébré discrètement à Dakar, un élément qu’elle estime avoir renforcé la confiance initiale.
Procédures au pénal et accusations de menaces
Face à l’absence de règlement, plusieurs procédures ont été lancées : poursuites pour escroquerie, plainte pour menaces et intimidations, notamment étayée par des échanges WhatsApp selon la plaignante. Ses avocats considèrent que la fin de l’immunité présidentielle permet désormais la réouverture complète du dossier.
Un contexte politique troublé
Renversé après un putsch contesté, Embaló a transité par Dakar et Brazzaville avant de s’installer à Rabat. Plusieurs observateurs, dont la mission d’observation de la CEDEAO, ont évoqué un « coup d’État cérémoniel », laissant entendre qu’il aurait pu être orchestré par l’ex-président lui-même au lendemain d’un scrutin dont les résultats n’ont jamais été publiés. La CEDEAO tente actuellement de faire reprendre le processus démocratique dans le pays.
Polyglotte et politologue de formation, Umaro Sissoco Embaló fait désormais face à un dossier judicaire relancé, dans un contexte où sa position institutionnelle ne le protège plus des poursuites engagées au Sénégal.







