Le Sénégal est à un tournant majeur de sa transformation numérique. Selon un nouveau rapport de la GSMA présenté au Digital Africa Summit Senegal, des réformes ciblées pourraient permettre de connecter 2,6 millions de personnes supplémentaires à Internet d’ici 2030, générer 1 100 milliards de FCFA de valeur économique et créer environ 280 000 emplois.
L’analyse révèle que le pays bénéficie déjà d’une solide infrastructure numérique, avec une couverture 4G atteignant 97 % de la population et une couverture 5G s’élevant à 39 %. Le Sénégal compte également 8,16 millions d’utilisateurs uniques d’Internet mobile, soit 43 % de la population. Toutefois, malgré ces avancées, un écart d’usage persistant demeure : 54 % des habitants vivent dans des zones couvertes, mais n’utilisent pas Internet mobile, principalement en raison du coût élevé des appareils, du manque de compétences numériques et de difficultés d’accessibilité.
Intitulée « Stimuler la transformation numérique de l’économie au Sénégal », l’étude souligne que la mise en œuvre de réformes axées sur l’accessibilité, la formation et la modernisation du cadre réglementaire pourrait réduire considérablement cet écart et accélérer l’inclusion numérique.
« Le Sénégal dispose de tous les ingrédients pour devenir l’une des économies numériques les plus dynamiques d’Afrique. Mais des millions de personnes restent freinées par le coût des appareils, les lacunes en compétences et les barrières d’accès », a déclaré Angela Wamola, Directrice Afrique de la GSMA. Elle estime qu’en ciblant ces obstacles, le pays pourrait transformer l’accès au numérique en un véritable levier d’amélioration des conditions de vie, tout en renforçant sa résilience économique à long terme.
La connectivité, au cœur du développement
Le rapport rappelle que la connectivité mobile joue déjà un rôle central dans la vie quotidienne des Sénégalais, notamment à travers le mobile money, l’accès à l’éducation à distance, aux services de santé et aux opportunités économiques pour les agriculteurs, commerçants et petites entreprises.
Ces efforts s’inscrivent dans la continuité des stratégies nationales, notamment Digital Senegal 2025, le Projet d’Accélération de l’Économie Numérique du Sénégal (PAENS) et le New Deal Technologique 2034, qui visent à faire du numérique un moteur d’inclusion sociale et de développement durable.
Cinq réformes clés recommandées par la GSMA
La GSMA identifie cinq domaines prioritaires pour booster l’inclusion numérique :
Améliorer l’accessibilité financière : suppression des taxes sur les smartphones d’entrée de gamme et réduction des prélèvements sur les données mobiles.
Renforcer les infrastructures : simplification des procédures, baisse du coût du spectre et prolongation des licences à au moins 20 ans.
Mieux coordonner énergie et télécoms : amélioration de l’alimentation électrique, notamment en zones rurales.
Moderniser la réglementation : soutien à l’innovation et instauration d’une gouvernance claire et équilibrée.
Développer les services publics numériques : accélération de l’e-gouvernement, de la santé et des paiements numériques.
Un impact social et économique majeur attendu
Si ces réformes sont mises en œuvre, elles pourraient :
Porter le taux de pénétration de l’Internet mobile à 61 % d’ici 2030
Réduire les inégalités régionales, notamment en Casamance, à Kaffrine, Kédougou et Louga
Alléger le coût des smartphones, actuellement équivalent à 19 % du revenu mensuel moyen
Renforcer les secteurs clés comme l’agriculture, le commerce et les PME
Générer 417 milliards FCFA de recettes supplémentaires pour l’État
Offrir 280 000 nouveaux emplois, en priorité aux jeunes
Selon la GSMA, ces mesures pourraient transformer l’écosystème numérique du Sénégal et faire du pays un modèle de développement technologique inclusif en Afrique de l’Ouest.






