L’imam malien Mahmoud Dicko, figure religieuse et politique influente, a officialisé son adhésion à la Coalition des Forces pour la République (CFR), une alliance d’opposants en exil qui a lancé ses activités jeudi. Cette initiative marque une nouvelle étape dans la contestation contre la junte au pouvoir à Bamako.
Installé à Alger depuis décembre 2023, Mahmoud Dicko n’a pas remis les pieds au Mali depuis la détérioration de ses relations avec les autorités militaires. Ancien soutien des putschistes qui avaient renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, l’imam s’était rapidement distancié de la junte, critiquant sa gestion et son orientation autoritaire.
La création de la CFR, annoncée par son porte-parole Etienne Fakaba Sissoko, se veut un « mouvement de résistance démocratique et de sauvegarde nationale ». Ses membres, intellectuels, acteurs politiques, militaires républicains, leaders sociaux et membres de la diaspora, affirment vouloir mettre fin aux massacres de civils et militaires, rétablir les libertés fondamentales et organiser une transition courte, de 18 mois maximum, vers un ordre constitutionnel légitime.
Dans son communiqué fondateur, la coalition dénonce « une alliance toxique de prédation économique, de militarisation kleptocratique et d’instrumentalisation de la peur », estimant que « la résistance n’est plus une option morale : elle est un devoir national ».
La présence de Dicko en Algérie a déjà provoqué des tensions diplomatiques entre Bamako et Alger, les autorités maliennes accusant leur voisin de contribuer à la déstabilisation du pays. Ses partisans, regroupés sous le nom des « Sentinelles de la République », affirment que l’imam « possède une légitimité sociale que les autorités de transition n’ont pas », soulignant son rôle spirituel et son ancrage populaire.
Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise sécuritaire profonde, alimentée par les violences jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM, affilié à Al-Qaïda), de l’État islamique et de milices communautaires. Malgré deux coups d’État en 2020 et 2021, la junte peine à endiguer l’insécurité et à restaurer la stabilité.
Avec la création de la CFR et l’implication de Mahmoud Dicko, la scène politique malienne s’ouvre à une nouvelle phase de confrontation entre le pouvoir militaire et ses opposants en exil. Reste à savoir si cette coalition pourra peser sur l’avenir du pays et sur la transition tant attendue.
B.B






