Ce jeudi, l’ambiance à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar tranche avec les scènes de violence qui ont récemment secoué ce haut lieu du savoir. Le campus, désert et silencieux, est parcouru par un calme presque irréel. Le long des allées des facultés, les forces de l’ordre occupent massivement les abords et l’intérieur de l’université, témoignant de la tension encore perceptible.
Les traces des affrontements demeurent visibles : débris de pierres, branches d’arbres arrachées, résidus de gaz lacrymogènes… Autant de signes qui rappellent l’intensité des heurts liés à la crise des bourses universitaires.
À l’entrée du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar, policiers et vigiles contrôlent rigoureusement les déplacements. Le tristement célèbre « couloir de la mort » reste encadré par des véhicules de police. Malgré tout, quelques étudiants circulent, signe d’une reprise progressive de la vie universitaire.
Un désaccord persistant sur le paiement des bourses
Au cœur de la contestation : le paiement des bourses, sujet explosif qui oppose toujours étudiants et autorités. Pour une doctorante croisée près du « couloir de la mort », le versement des bourses est une nécessité vitale :
« On ne peut pas leur demander de renoncer à un droit qui conditionne leur survie », confie-t-elle sous anonymat.
Elle juge incompréhensible que l’État procède au paiement des bourses de l’année académique 2025-2026 alors que celles de 2024-2025 ne sont pas entièrement réglées. Même écho chez deux étudiants de Master : « La bourse est vitale pour nous », assurent-ils d’une même voix.
La grève, seule arme des étudiants
Pour la doctorante, la fronde reste le seul moyen pour les étudiants de se faire entendre :
« La grève fait partie de leur marque de fabrique », estime-t-elle.
Elle rappelle que les étudiants doivent vivre avec 515 000 F CFA pour douze mois, malgré des conditions de vie particulièrement difficiles. Elle appelle les autorités à davantage d’empathie, quitte à réduire leurs propres privilèges.
Des discussions engagées mais un point de blocage majeur
Une réunion s’est tenue mercredi soir entre les amicales d’étudiants et plusieurs autorités, dont le président de l’Assemblée nationale El Hadj Malick Ndiaye, le ministre de l’Enseignement supérieur Daouda Ngom et le Premier ministre Ousmane Sonko.
Dans un communiqué, les étudiants dénoncent la présence massive des forces de l’ordre, qu’ils qualifient de « violation des franchises universitaires ».
S’ils reconnaissent des avancées sur certains points de leurs revendications, le retrait définitif des forces de sécurité du campus demeure un point de discorde majeur.
En attendant, l’UCAD reste marquée par les stigmates des affrontements. Une nouvelle rencontre avec la base étudiante est prévue ce jeudi à 17h, une réunion décisive qui pourrait ouvrir la voie à une sortie de crise.







