À quelques semaines du scrutin du 28 décembre 2025, la candidature d’Abdoulaye Yéro Baldé suscite autant d’espoirs que d’interrogations. L’ancien ministre et ex-vice-gouverneur de la Banque centrale, se présente comme l’homme du renouveau. Mais derrière l’image du technocrate intègre, des défis majeurs pourraient limiter son impact.
Un profil séduisant… mais déconnecté ?
Yéro Baldé incarne la compétence et la rigueur : diplômé de la Sorbonne et de Columbia, ancien cadre de la Banque mondiale, il a mené des réformes notables au ministère de l’Enseignement supérieur. Sa démission en 2020 contre le troisième mandat d’Alpha Condé lui a valu une réputation d’homme de principe.
Mais cette posture, saluée par les élites urbaines et la diaspora, reste peu audible dans les zones rurales, où les logiques communautaires et clientélistes dominent. Son discours sur la bonne gouvernance, bien que pertinent, semble parfois hors-sol face aux réalités socio-économiques locales.
Un programme ambitieux, mais réaliste ?
Créer un million d’emplois en cinq ans, tripler le budget de l’éducation, construire 8 000 écoles et 150 hôpitaux : des promesses fortes, mais sans plan clair de financement.
Dans un pays où la dépendance aux revenus miniers et la faiblesse des recettes fiscales sont structurelles, ces objectifs paraissent difficiles à atteindre sans réformes profondes et douloureuses.
Son engagement pour la transparence et l’audit des contrats miniers est louable, mais risque de heurter des intérêts puissants, y compris parmi ses potentiels alliés.
Un outsider dans un système verrouillé
La Guinée reste marquée par des clivages ethniques et des réseaux politiques enracinés. Yéro Baldé, malgré son image de technocrate, ne dispose pas d’un appareil politique solide ni d’une base militante étendue.
Sa stratégie repose sur la jeunesse et les classes moyennes urbaines, mais ces segments représentent une minorité électorale face aux zones rurales, où les alliances communautaires dictent souvent le vote.
Conclusion : un pari risqué
Abdoulaye Yéro Baldé incarne une troisième voie et un discours de rupture, mais son succès dépendra de sa capacité à transformer son capital moral en force électorale. Sans alliances stratégiques et sans réponses concrètes aux réalités économiques, son ambition pourrait rester un exercice intellectuel séduisant mais impuissant.
B.B







