La crise politique en Guinée-Bissau s’intensifie après le coup d’État militaire du 26 novembre, survenu à la veille de l’annonce des résultats des élections présidentielle et législatives. Lundi, une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a rencontré à Bissau les militaires au pouvoir, réaffirmant sa condamnation ferme du putsch et exigeant le retour à l’ordre constitutionnel.
La Cedeao réclame la reprise du processus électoral
« Nous avons eu des discussions productives, les deux parties ont exprimé leurs inquiétudes », a déclaré Alhaji Musa Timothy Kabba, ministre des Affaires étrangères de Sierra Leone, à l’issue de la rencontre. La Cedeao insiste sur la nécessité de permettre au processus électoral d’aboutir à sa conclusion logique. Depuis le coup de force, l’organisation régionale a suspendu la Guinée-Bissau de tous ses organes décisionnels.
Julius Maada Bio, président en exercice de la Cedeao, a réaffirmé sur X son « soutien inconditionnel au rétablissement de l’ordre constitutionnel ».
Fernando Dias obtient l’asile au Nigeria
Dans un geste diplomatique fort, le Nigeria a annoncé lundi soir avoir accordé l’asile politique à Fernando Dias, principal opposant lors de la présidentielle du 23 novembre. Dias affirme avoir échappé à une arrestation le jour du putsch et accuse le président sortant Umaro Sissoco Embalo d’avoir « organisé » le coup d’État pour interrompre le processus électoral.
Le porte-parole du ministère nigérian des Affaires étrangères, Alkasim Abdulkadir, a précisé que cette décision est « guidée par les impératifs de paix et de stabilité régionale », rappelant le rôle du Nigeria comme force de stabilisation en Afrique de l’Ouest.
Embalo en exil, la junte forme un gouvernement
Le président sortant Embalo, brièvement arrêté puis exfiltré au Sénégal, se trouve désormais à Brazzaville. De son côté, la junte dirigée par le général Horta N’Tam, un proche d’Embalo, a formé samedi un nouveau gouvernement de 28 membres, majoritairement civils.
Les militaires justifient leur prise de pouvoir par la découverte d’un « plan visant à déstabiliser le pays avec l’implication des barons nationaux de la drogue ». La Guinée-Bissau, considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe, est régulièrement qualifiée de « narco-État ».
Un pays habitué aux coups de force
Depuis son indépendance du Portugal en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’État réussis et de nombreuses tentatives. Les proclamations de résultats électoraux y ont souvent été sources de contestations, alimentant une instabilité chronique.
La Guinée-Bissau se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une crise institutionnelle majeure, avec des implications régionales fortes. La Cedeao et le Nigeria tentent de jouer les médiateurs, mais la sortie de crise reste incertaine.






