À l’occasion de la commémoration du 81ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, le président Bassirou Diomaye Faye a placé la mémoire des tirailleurs au cœur d’un discours résolument tourné vers la vérité historique, la justice et la réparation. Sans posture accusatoire, mais avec fermeté, le chef de l’État a estimé que la question des réparations « doit être posée sereinement mais résolument », dans un dialogue fondé sur les faits et le devoir de justice envers les familles de victimes.
Un livre blanc érigé en référence historique
Le président s’est d’abord félicité de la publication officielle du Livre blanc sur le massacre de Thiaroye, présenté comme un outil scientifique majeur. Basé sur des archives, des témoignages et des preuves matérielles, ce document vise à reconstituer les faits et à restaurer la dignité des tirailleurs exécutés. Pour le chef de l’État, cette publication marque un tournant : la mémoire ne doit plus être un espace de « dissimulation », mais un terrain de vérité et de réparation morale.
Des fouilles archéologiques et une coopération annoncée
Poursuivant cette démarche de vérification historique, Bassirou Diomaye Faye a annoncé la poursuite des fouilles archéologiques déjà entamées sur le site de Thiaroye. Il a également révélé que la France, par la voix du président Emmanuel Macron, a proposé son expertise pour accompagner les équipes sénégalaises. Une coopération qui pourrait constituer un signal politique dans un dossier longtemps sensible entre Dakar et Paris.
Vers un vaste ensemble mémoriel
Le président a aussi dévoilé un ambitieux projet mémoriel : l’érection d’une stèle entre le camp et les cimetières de Thiaroye, destinée à réunir symboliquement les lieux de vérité. Cette stèle s’inscrira dans un ensemble plus large comprenant une esplanade commémorative, des espaces éducatifs et culturels pour les jeunes, ainsi que des résidences destinées aux chercheurs travaillant sur l’histoire et les mémoires coloniales.
L’objectif : faire de Thiaroye un « lieu de mémoire vivant », un centre de savoir destiné aux générations futures.
Un enseignement renforcé dans les écoles
Le gouvernement entend par ailleurs renforcer la place du massacre de Thiaroye dans les programmes scolaires. Les élèves devront, selon le président, mieux connaître les faits, les acteurs et les mécanismes de domination coloniale, afin d’ancrer cette mémoire dans la conscience citoyenne et l’engagement panafricain.
Réparations : un débat désormais assumé
Dans un climat diplomatique qui reste sensible, Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé que la dignité n’a « pas de prix ». Il insiste sur la nécessité d’ouvrir un débat apaisé mais déterminé sur les réparations, à la lumière d’une vérité historique consolidée et d’un impératif moral envers les familles.
Un symbole pour l’Afrique
Au-delà du cadre national, le chef de l’État a rappelé la portée continentale de Thiaroye : symbole de la violence coloniale, mais aussi de la résistance africaine.
« Le combat pour la mémoire de Thiaroye est un combat pour l’âme du Sénégal et pour l’âme de l’Afrique », a-t-il déclaré, inscrivant ce travail mémoriel dans une perspective de souveraineté et de dignité retrouvées.







