La capitale bissau-guinéenne s’est réveillée jeudi matin dans un calme pesant, sous étroite surveillance militaire, au lendemain d’un coup d’État qui a renversé le président sortant Umaro Sissoco Embalo et suspendu le processus électoral en cours. Les rues de Bissau, habituellement animées, étaient quasi désertes, tandis que des soldats armés quadrillaient les principaux axes et installaient des check-points.
Ce putsch intervient à un moment crucial : la Commission électorale devait annoncer les résultats provisoires des élections présidentielle et législatives tenues le 23 novembre. Les deux camps – celui du président sortant et celui de son rival Fernando Dias de Costa – revendiquaient la victoire, alimentant les tensions.
Un “Haut commandement” prend les rênes
Mercredi soir, le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, a déclaré que l’armée avait pris le “contrôle total du pays” pour “garantir la sécurité nationale et rétablir l’ordre”. Il a évoqué la découverte d’un “plan visant à déstabiliser le pays” impliquant des réseaux liés au trafic de drogue, un fléau qui gangrène cette nation de 2,2 millions d’habitants. Les frontières terrestres, aériennes et maritimes ont été fermées, et un couvre-feu nocturne instauré. Le président Embalo et l’opposant historique Domingos Simoes Pereira ont été arrêtés, selon des sources proches.
Une instabilité chronique
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a connu une succession de coups d’État et de crises post-électorales. Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série de putschs qui secouent l’Afrique de l’Ouest depuis 2020, après ceux du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Guinée-Conakry.
Réactions internationales
L’Union africaine, la Cédéao et l’ONU ont exprimé leur “profonde préoccupation” et appelé au respect de l’État de droit. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté toutes les parties à “faire preuve de retenue”.






