Le petit État d’Afrique de l’Ouest habitué aux crises politiques, attend dans le calme les résultats des élections présidentielle et législatives organisées dimanche. La Commission nationale des élections (CNE) salue un scrutin « pacifique », avec un taux de participation provisoire supérieur à 65 %. Un chiffre significatif, bien que légèrement inférieur à celui de la présidentielle de 2019 (73 %).
Un contexte politique fragile
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau vit au rythme des coups d’État et des tentatives de putsch. La stabilité reste l’enjeu majeur de ce scrutin, dans un pays où près de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et où l’instabilité politique favorise les trafics, notamment de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
Un duel déséquilibré
Le président sortant Umaro Sissoco Embalo, 53 ans, est donné favori pour remporter l’élection dès le premier tour. S’il réussit, il deviendra le premier chef de l’État à effectuer deux mandats successifs depuis l’instauration du multipartisme en 1994. Son principal adversaire, Fernando Dias, bénéficie du soutien du puissant PAIGC, mais ce dernier a été exclu du scrutin pour dépôt tardif des dossiers, tout comme son leader historique Domingo Simoes Pereira. Cette absence fragilise l’opposition et pose la question de l’équité du processus électoral.
Des tensions en suspens
Si la CNE insiste sur le caractère pacifique du vote, la proclamation des résultats reste une étape sensible. La présidentielle de 2019 avait débouché sur plusieurs mois de crise post-électorale, avec deux candidats revendiquant la victoire. Dans un pays où les institutions sont fragiles, la moindre contestation pourrait raviver les tensions.
Quels enjeux pour l’avenir ?
Au-delà du résultat, la Guinée-Bissau doit relever des défis structurels : renforcer ses institutions, restaurer la confiance démocratique et lutter contre la pauvreté et les trafics. Une victoire d’Embalo pourrait offrir une continuité politique rare, mais risque aussi d’alimenter les critiques sur la concentration du pouvoir et l’exclusion des opposants.





