Le régime militaire du Niger a annoncé la suspension des activités de plusieurs centaines d’ONG et associations de développement, locales comme étrangères, a appris l’AFP auprès des autorités. Cette décision s’inscrit dans la politique souverainiste menée par le général Abdourahamane Tiani depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2023, à la suite d’un coup d’État.
Une mesure radicale pour « assurer le suivi »
Selon le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, cette suspension vise à renforcer le contrôle de l’État sur le fonctionnement des ONG. Seule une centaine d’organisations, sur plus de 4.000 recensées dans le pays, ont été autorisées à poursuivre leurs activités pour s’être conformées à la nouvelle réglementation. Les autres doivent cesser leurs opérations et disposent de 60 jours pour publier leurs états financiers 2024 au Journal officiel.
Le Niger compte officiellement 4.122 ONG et associations, dont 332 étrangères, ayant mobilisé plus de 250 milliards de francs CFA (380 millions d’euros) en 2024, selon les chiffres officiels.
Accusations de collusion avec des groupes armés
La junte accuse régulièrement certaines ONG de manquer de transparence ou d’entretenir des liens avec des organisations terroristes. « Nos enquêtes ont permis de découvrir qu’il y a beaucoup d’ONG en accointance avec des partenaires qui nous portent la guerre, à travers des missions de subversion (…) et des soutiens qu’elles apportent parfois aux terroristes », avait déclaré le général Toumba en janvier.
Une politique de rupture avec l’Occident
Depuis sa prise de pouvoir, le général Tiani a fait de la souveraineté nationale un axe central de son action. Le Niger a expulsé les soldats français et américains engagés dans la lutte antijihadiste, chassé les ambassadeurs français et européen, et s’est rapproché de nouveaux partenaires comme la Russie et la Turquie. Jeudi, Tiani a de nouveau accusé Paris de vouloir « déstabiliser » le pays. « Cette guerre que nous menons est une guerre totale, voulue par la France et son chef Emmanuel Macron », a-t-il lancé devant des militaires déployés dans la région de Diffa, théâtre d’attaques de Boko Haram et de l’ISWAP.
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