À quelques jours d’un scrutin décisif, la Guinée-Bissau espère tourner la page des coups d’État et des crises politiques. Mais entre exclusion de l’opposition, accusations de manipulation et fragilité économique, le pays reste à la croisée des chemins : stabilité promise ou retour à l’instabilité chronique ?
Un vote crucial dans un climat de défiance
Les élections présidentielle et législatives se tiendront les 23 et 30 novembre 2025, avec près de 860 000 électeurs inscrits. Le président sortant Umaro Sissoco Embaló, favori, affronte 12 candidats, dont l’ex-chef d’État José Mário Vaz et l’opposant Fernando Dias.
Mais la campagne se déroule sur fond de crise institutionnelle : reports successifs, dissolution du Parlement en décembre 2023 et exclusion du PAIGC, parti historique, des scrutins. L’opposition dénonce un « coup institutionnel » et conteste la légitimité d’Embalo, dont le mandat aurait expiré en février 2025.
Un pouvoir qui se durcit
Depuis son arrivée en 2019, Embalo a consolidé son contrôle : dissolution du Parlement, gouvernance par ordonnances, affaiblissement de la Cour suprême.
Le Bertelsmann Transformation Index 2024 pointe une dérive autoritaire : répression des opposants, médias muselés, ingérences militaires. L’exclusion du PAIGC accentue la fracture politique.
Calendrier électoral contesté
Embalo affirme que son mandat court jusqu’en septembre 2025, validé par la Cour suprême. L’opposition réclame des élections anticipées et la réinstallation du Parlement pour garantir la transparence du processus.
Pressions internationales et alliances mouvantes
La CEDEAO et l’ONU ont tenté une médiation, sans succès. Embalo s’est rapproché de nouveaux partenaires, dont la Russie, tandis que Washington et Bruxelles exigent des élections crédibles et inclusives, menaçant de sanctions ciblées.
Un pays miné par la pauvreté et le trafic
Près de 40 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, et l’économie dépend quasi exclusivement des noix de cajou.
La Guinée-Bissau reste une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe, alimentant corruption et instabilité.
Après le vote, l’incertitude
Les observateurs redoutent des irrégularités post-électorales, comme en 2019. L’opposition menace de manifestations, tandis que l’armée affirme avoir déjoué une tentative de coup d’État fin octobre. Le risque d’une nouvelle crise est réel, malgré les promesses de stabilité.
Un tournant historique
Cette élection pourrait marquer un moment pivot : soit la Guinée-Bissau amorce une transition démocratique, soit elle s’enfonce dans la spirale des crises.
Pour y parvenir, il faudra réformer les institutions, lutter contre la corruption et restaurer la confiance des citoyens.







