L’attaque meurtrière contre un convoi militaire et des milices d’autodéfense vendredi dans l’État de Borno, qui a coûté la vie à quatre membres des forces de sécurité nigérianes, illustre la complexité et la persistance de l’insurrection jihadiste dans le nord-est du Nigeria. Derrière cet incident se cache une dynamique régionale où rivalités internes, stratégies asymétriques et fragilités étatiques s’entremêlent.
ISWAP : une menace en mutation
Depuis sa scission avec Boko Haram en 2016, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) s’est imposé comme un acteur dominant dans la région du lac Tchad. Contrairement à Boko Haram, qui cible souvent des civils, ISWAP concentre ses attaques sur les forces armées et les infrastructures militaires, adoptant des tactiques sophistiquées : embuscades, raids motorisés, usage de roquettes et drones. L’embuscade de Wajirko confirme cette évolution vers une guerre technologique et mobile.
Une rivalité meurtrière avec Boko Haram
La lutte entre ISWAP et Boko Haram pour le contrôle des zones stratégiques fragilise encore davantage la région. L’embuscade de vendredi survient quelques jours après qu’environ 200 combattants d’ISWAP ont été tués par Boko Haram près du lac Tchad. Cette guerre interne, loin de réduire la menace, accentue l’instabilité et complique la tâche des forces nigérianes, déjà confrontées à un terrain difficile et à des moyens limités.
Un conflit régionalisé
L’insurrection, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 2009, dépasse largement les frontières nigérianes. Les violences s’étendent au Niger, au Tchad et au Cameroun, obligeant à la mise en place d’une force multinationale. Mais la coordination reste fragile, et les groupes jihadistes exploitent les zones frontalières pour se replier et se réorganiser.
Pourquoi la CJTF est cruciale mais vulnérable
La Force opérationnelle conjointe civile (CJTF), composée de volontaires locaux, joue un rôle clé dans la lutte contre les jihadistes. Mais son manque d’équipement et de formation en fait une cible privilégiée pour ISWAP. L’embuscade de vendredi, où deux membres de la CJTF ont été tués, illustre cette vulnérabilité.
B.B






