Le Tchad se tient à nouveau en première ligne face à une crise humanitaire majeure. Après la prise sanglante de la ville d’El-Facher par les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR), les autorités tchadiennes et les agences onusiennes anticipent l’arrivée de dizaines de milliers de réfugiés dans les prochaines semaines.
Une fuite sous les bombes
Depuis le 26 octobre, El-Facher, capitale du Darfour-Nord, est tombée aux mains des FSR. Selon les Nations Unies, plus de 260 000 civils y étaient assiégés depuis 18 mois. Les témoignages font état de massacres, de viols systématiques, de pillages et de déplacements forcés. Malgré une trêve humanitaire annoncée par les FSR, les ONG s’attendent à accueillir des réfugiés dans un état critique, après un périple de plus de 300 km, souvent effectué de nuit pour échapper aux violences.
Le Tchad à bout de souffle
Le gouvernement tchadien, en coordination avec le HCR, l’OIM et OCHA, a mis en place un plan d’urgence. Des stocks humanitaires sont redéployés et de nouveaux sites d’accueil sont identifiés. Mais les moyens manquent.
« Nous atteignons nos limites », alerte Gassim Charif, porte-parole du gouvernement tchadien. « Si l’aide ne vient pas, cela pourrait compromettre la cohésion nationale. »
Les camps tchadiens, déjà saturés par 1,3 million de réfugiés soudanais, ne répondent qu’à 40 à 60 % des besoins. Le Norwegian Refugee Council finalise la livraison de 300 abris au camp de Touloum, mais les fonds sont épuisés.
Une mobilisation internationale urgente
Jens Hesemann, coordinateur d’urgence du HCR, estime que jusqu’à 90 000 réfugiés pourraient franchir la frontière dans les trois prochains mois. Mais ce chiffre reste incertain.
« Peu importe le nombre, nous nous préparons à accueillir des personnes dans un état catastrophique », confie un responsable d’ONG.
Face à l’effondrement des financements internationaux, les ONG tirent sur leurs dernières ressources. Certaines réaffectent des budgets d’autres projets pour répondre à cette nouvelle urgence.
Un appel à la solidarité
Dans un contexte global de réduction des aides humanitaires, le Tchad lance un appel pressant à la communauté internationale. Sans soutien accru, le pays risque de voir s’aggraver les tensions entre populations hôtes et réfugiées.
B.B







